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Stéphane REY                                                                           

 

-L'ECHO DE LA BOURSE- octobre  1991.

 

LE BOIS SE FAIT CHAIR

Bien qu'accrochées au mur, les Oeuvres de Michel DELAERE n'ont qu'un lointain rapport avec la peinture. L'artiste est sculpteur sur bois, d'une minutie d'orfèvre et présente des reliefs d'une insidieuse habileté, laqués de noir, de bleu sombre ou de rouge. On s'étonne que l'on puisse ainsi donner au bois une telle apparence de ductilité, et l'on se demande, si le matériau utilisé n'est pas quelque obéissante matière plastique. Il n'en est reins. Michel DELAERE travaille des panneaux de cèdre ou d'aggloméré de fibres ligneuses d'une nature très particulière dans lesquels il porte l'outil entaillant, creusant le flanc, donnant de la souplesse à celle-ci, ou bien ouvrant avec plus de résolution des plaies aux bords cruellement déchirés. La verticalité de ses blessures savantes évoque indubitablement une féminité vouée au malin plaisir d'une imagination à la fois contrôlée et délirante.

On ne peut qu'admirer la maîtrise exceptionnelle d'un artisan qui se joue des difficultés techniques et dont les courbes, les creux, les entailles et les galbes permettent de penser à toute autre chose que du bois minutieusement façonné.

On songe parfois aux arrondis luisants d'un fragment de carrosserie, à la pâte obéissante que le boulanger triture avec adresse, à des coulées de matières grasses et épaisses s'épandant sans bruit comme une lave de chair.

Car, finalement, c'est bien la chair que l'on évoque ici, lisse et douce, ferme et tendue, fragments empruntés à la chaleur de la vie, qui ont l'apparence une épaule, d'un flanc, d'une franche, d'un ventre qui s'ouvre parfois d'une cruelle entaille comme si l'on avait cherché à en percer le secret.

Art original et fascinant dont on gardera le souvenir.

Galerie Tempera, Bruxelles.

 

 

 

Stéphane REY                                                                         

 

-LA LIBRE BELGIQUE-  octobre  1991.

 

MICHEL DELAERE A LA GALERIE TEMPERA

Les reliefs de bois foncé laqué de Michel DELAERE sont un véritable défi au métier d'ébéniste ou de sculpteur ornemental.

Dans des panneaux de cèdre et d'aggloméré, l'artiste creuse des dépressions comme d'un paysage vallonné, il en assouplit les flancs, il en peaufine les contours, il y soulève des remblais.

Mais avec mesure et quel contrôle de la main!

Presque toujours, au surplus, il plonge ses outils au mitan de sa composition, y ouvre une faille franchement tranchée, y met en évidence une blessure qui n'est pas sans ressemblance avec sa chair déchirée.

Mais une couleur uniforme couvre les plaies. Elle est tantôt noire, ou bleue, parfois rouge, avec des nuances presque imperceptibles mais qui se font remarquer si l'éclairage se fait complice.

Galerie Tempéra, Bruxelles.

 

 

 

Roger FOULON                                                                         

 

-LE RAPPEL-  janvier 1992.

Membre des Artistes de Thudinie, Michel DELAERE, sculpteur bien connu et domicilié à Fontaine-Valmont, va exposer ses nouvelles sculptures murales à la galerie Beciani du 31 janvier au 26 février.

Cet ensemble est appelé par le sculpteur "A travers mes champs".

Il s'agit de bois laqués ou de cèdre teinté qui viennent en contrepoint à de pensées de l'artiste: "C'est quand la lumière s'affaisse qu'elle m'inspire le plus la vie. Tous ces moments qui se bousculent, l'un chassant l'autre. Attention! Prenons garde! Il faut à tout prix se les remémorer au risque qu'à défaut, le temps disparaisse".

Les oeuvres qui seront exposées portent des titres révélateurs qui soulignent les entailles, les reliefs, les élancements, les recouvrements des formes. Parmi ces titres: "Au-delà des reproches", "Dans le silence des mots", "Au creux d'un souffle", "Aux frissons d'une larme", "Pour dissoudre le néant" ou "Au plus doux des ombres".

Une sculpture à la fois éthérée et sensuelle, un souci delà perfection dans la taille, des surfaces modulées jouant avec la lumière et les ombres.

Thuin.

 

 

 

Lucien RAMA                                                                           

 

-ARTS ANTIQUES AUCTIONS-  février  1992.

 

La galerie Beciani propose en ce mois de février les oeuvres de Michel DELAERE, brillant artiste et poète du bois et de ses variances.
De ces verticalités, la fantaisie et l'imagination exaltent l'harmonie d'une manière qui au départ, se veut essentiellement fonctionnelle.

Ses panneaux d'essences rares sont mis en valeur verticalement.

Travaillés admirablement à la gouge, ils sont ensuite, polis et modulés pour être assemblés en laissant murmurer une faille centrale ouverte sur le mode et ses déchirures.

Tout l'intérieur de ces oeuvres est fait de plissements vagues qui soulignent le passage de la mémoire! Les pièces divisées en deux mettent en évidence le rapport de symétrie dans le conflit des masses et des ondes satinées.

Tout est réalisé avec une science de l'arabesque et du polissage admirable, on devine une sensualité exigeante et la métaphorique de l'esprit mais également toute la volupté chromatique des origines végétales et charnelles.

Un superbe artiste à découvrir.

Galerie Beciani, Charleroi.

 

 

 

DUMONT Marcelle                                                                      

 

-SPAZIO-

-ARTS-  mars 1992.

 

ENTRE SENSUALITE ET TENDRESSE,  MICHEL DELAERE SCULPTEUR 

                     

Michel DELAERE est passionné du bois depuis son enfance. Prédestination due à son nom qui en vieux flamand signifie "de la clairière", ou atavisme venu d'ancêtres garde-forestiers?; Né en Thudinie, à Buvrinnes, il habite depuis sa plus tendre enfance Fontaine-Valmont où son père était agriculteur.

Il a fait construire pour lui et sa famille, face à son atelier, une maison discrète qui tourne le dos au visiteur et ouvre ses fenêtres vers un beau paysage calme où coule la Sambre. Il vit sur la terre de son père, et se plaît à le dire.

 

C'est pourquoi il a pu intituler avec tendresse sa dernière exposition "A travers mes champs".

 

A l'âge de six ans, le petit Michel récoltait les caisses à oranges à l'épicerie du village, pour y tailler des fermes et des grottes. Jeune adulte, il est employé dans une entreprise de transformation du bois et se retrouve un jour adjoint à la direction. Mais le contact avec la matière lui manque. Il se met à tailler de petits objets en bois qu'il imagine un jour coller sur un panneau rectangulaire.

                                                                                                         

Déjà sous le hobby percent les retrouvailles avec son ancienne passion.

 

Le thème dominant de Michel DELAERE est la femme. C'est en poète qu'il couronne chaque oeuvre d'un titre qui lui apparaît comme une évidence car, tout en travaillant, il a l'habitude de noter ses réflexions.

 

Les sculptures de Michel DELAERE, fascinent dès l'abord par leur beauté plastique: douceur blonde du cèdre amoureusement taillé d'une main caressante, contraste des laques satinées et brillantes recouvrant le bois, coloris somptueux ou discrets qu'exalte la lumière matière travaillée parfois comme une dentelle de pierre ou éclatée en courbes voluptueuses. Elles troublent et retiennent ensuite par leur côté magique. Ces peintures-sculptures entr'ouvertes comme un beau fruit semblent nous inviter à franchir une frontière au-delà des apparences.

 

Chantre de la déchirure, Michel DELAERE est avant tout un amoureux fervent mais pudique de la femme. D'abord présente dans ses oeuvres avec une évidence figurative jusqu'à devenir allusion frémissante, soif d'autre chose, d'une fusion presque mystique avec l'autre.

Tout est là sans doute, dans cette tendre passion et dans l'intransigeance d'un artiste conscient que la création est un travail constant qui ne s'arrête jamais. Attentif aussi à ne pas céder à la facilité.

"On fait de l'art d'abord pour soi, dit-il, mais je suis surpris de l'émotion que ça suscite chez les autres. Il faut rester fidèle à soi-même, sinon on commence à parler de mode et on est abîmé".

 

Il sourit lorsque j'évoque l'impression "autre côté du miroir" que donne son oeuvre. Communiquer est très important pour lui mais il estime que c'est le plus difficile. "Le social est devenu argent. On s'affiche sans se livrer". Lors d'une exposition qui a eu lieu à la galerie Montjoie en 1986, son thème était précisément à la communication. Plusieurs oeuvres exposées évoquaient deux chairs déchirées réunies par des points de suture? Pars souci de perfectionnisme, il avait demandé à un ami chirurgien de coudre lui-même ces entailles. Quelle émotion lorsque celui-ci déclara ensuite qu'il venait de procéder à sa dernière opération. Il avait en effet décidé le jour même de cesser de pratiquer.

 

Michel DELAERE lui, ne s'arrête pas. Le cèdre, le bois laqué tour à tour le sollicitent, mais il travaille aussi le béton et l'acier, auquel une prochaine exposition sera consacrée. Tourmenté comme tout créateur, il se demande toujours quand il faut s'arrêter sous peine de se répéter. N'a-t-il pas eu un jour la tentation d'abandonner sur la plage une partie de son oeuvre? Heureusement, la mer est loin! Et cet autre jour, pour rompre sa complicité trop facile avec le cèdre, n'a-t-il pas roulé de petits textes dans une anfractuosité de certaines sculptures, comme une sorte de point final? "Un peu comme on lance une bouteille à la mer". Je vous l'avais dit: ce sculpteur est aussi poète!

Bruxelles.

 

 

 

Stéphane REY                                                                             

 

-L'ECHO-   août  1992.                    

 

SCULPTURE MURALE

 Travailleur du bois très habile, la main légère, tous les sens en éveil, Michel DELAERE, né en 1943, allie, à l'invention des formes, une séduisante maîtrise d'artisan. Il travaille en ronde-bosse le cèdre rouge du Canada ou des agglomérés de fibres ligneuses  d'une nature très particulière dont il tire des demi-volumes tout à fait étonnants, panneaux muraux d'une harmonieuse abstraction où l'on découvre des formes d'une séduction parfois sournoise qui sont bien évidemment inspirées des rondeurs de la chair féminine.

On conçoit aisément que l'on puisse réaliser de telles choses par la technique du modelage où la matière ductile obéit aux pressions et aux caresses de la main.

Mais on demeure confondu devant l'adresse du maître-ébéniste qui tire de son matériau creusé, poncé, poli, peaufiné, une vie mystérieuse qui s'exprime en galbes, en courbes, entailles d'une extrême douceur, en tendresses labiales, en provocations et en retraits qui sont le propre de la chair et de ses pulsations.

Michel DELAERE demeure abstrait malgré son recours à des éléments empruntés à la vie et à la nature.

Ceux-ci peuvent avoir l'apparence d'une épaule, d'une hanche, d'un sein, de l'eau qui coule, d'une pierre usée par le torrent. Il n'entraînent cependant pas l'artiste vers une figuration déguisé. Issues d'une réalité concrète, ces choses se retrouvent digérées, assimilées par l'abstraction à quoi elles apportent quelque chose de délicat, de sensuel, de suprêmement fascinant. L'usage d'un enduit laqué, noir, bleu, beige, rose, parfois rouge, avec des nuances presque imperceptibles dont l'éclairage se fait complice, ajoute au charme raffiné de ces arrondis voluptueux.

Galerie ARGO,  nokke-Zoute.

 

 

 

Marc RUYTERS                                                                       

 

-KNACK WEEKEND-   avril  1993-

 

EROTIEK IN HOUT

De Waalse beeldhouwer MICHEL DELAERE (°1943) is gefascineerd door hout en door vrouwen. Delaere, die ooit zelf in de houtsektor werkte, begon heel  laat aan zijn kunstenaarsloopbaan, maar dat  belette hem niet om ongemeen gedreven werk te gaan maken: met een kombinatie van zacht cederhout en keihard MDF(vezelplaat van een extreem hoge densiteit) maakt hij sensuele, weelderige en zelfs zacht-pornografische skulpturen, kontrastrijk geschilderd in satijnlak en glanslak, lijken half opengewerkte sublimaties van de vrouwelijke intieme driehoek of van het vrouwenlijf. Het cederhout is daarbij dienstig als de zachte,intieme materie, het MDF-hout vormt de harde buitenkant die veel, maar niet alles voor de voyeuristische blik wil verbergen. Kortom, elke skulptuur van Michel Delaere lijkt telkens opnieuw een geestelijke liefdesdaad, gezien vanuit een strikt mannelijk oogpunt.

Art Gallery, Antwerpen.

 

 

 

M. Dz.                                                                                        

 

- LA NOUVELLE GAZETTE - novembre  1993.

 

LE ROUGE ET LE NOIR
Si vous aimez la sculpture et que le nom de Michel DELAERE n'est pas encore devenu pour vous une référence en la matière, n'hésitez pas à faire un saut dès que possible à la Galerie Pascal Retelet. La rencontre avec les oeuvres de ce grand artiste devrait, en principe, suffire pour vous permettre de combler une importante lacune!

Michel DELAERE reste pourtant un créateur discret. Depuis une quinzaine d'années, ce spécialiste des sculptures murales a su tirer parti des subtils assemblages de bois laqué et de cèdre rouge, un bois d'origine canadienne qu'il affectionne tout particulièrement. Ses précédentes expositions à Einhoven, Cannes ou Paris n'ont pas manqué d'attirer sur lui l'attention de la critique? Son travail sur le relief est également présent dans ses compositions monochromes, moins nombreuses certes, mais tout aussi réfléchies et peaufinées que celles où son penchant pour " le rouge et le noir" s'affirme avec force.

Galerie Retelet, Charleroi.

 

 

 

Lucien RAMA                                                                               

 

- ARTS ANTIQUES AUCTIONS -  décembre 1993.

 

Michel DELAERE exprime la beauté du bois par une composition puissante et rythmée, mobilisant des forces chromatiques dans l'espace, traduisant d'immenses vagues issues de mers mortes et noires. Ce puissant sculpteur nous invite au pays de la musique des formes. L'art de DELAERE dans sa troublante simplicité, émeut parce qu'il possède des racines dans la vie de tous.

Galerie P. Retelet, Charleroi.

 

 

 

 

Stéphane REY

 

L'écho de la Bourse septembre 1994

 

... étranger aux contraintes de la figure, Michel DELAERE participe lui aussi à cette exposition de belle qualité. Il poursuit ses jeux magiques dans la chair même des bois rares dont il révèle les muscles, les tendres vicaires, les pulsations secrètes, les mouvements rétractiles. On ne se lasse pas de participer l'âme serrée, aux rites secrets d'une magie où l'on passe sans cesse de la douleur redoutée à la douceur attendue.

Argo gallery, Knokke Zoute

 

 

 

Stéphane REY

 

-L'écho de la Bourse-     janvier 1994

 

...enfin, se détachant du lot des exposants, on n'échappera pas à la séduction toujours plus pressante des panneaux sculptés de l'étonnant Michel DELAERE qui sont de véritables défis au métier de sculpteur. On ne cesse de s'émouvoir devant l'adresse de ce tailleur de bois qui tire de son matériau poncé, poli, peaufiné, une vie qui s'exprime en galbes, en tendresses quasi charnelles et fascinantes.

Argo gallery, Knokke Zoute.

 

 

 

Stéphane REY                                                                           

 

- L'ECHO -   mai 1994.

 

TOUCHER DU BOIS

Nous n'avons pas caché depuis plusieurs années l'intérêt que nous portions à Michel DELAERE. C'est un artiste qui a choisi pour s'exprimer un itinéraire qui n'est pas commun. On peut même dire qu'il est exceptionnel. Travailleur du bois, né dans le Hainaut en 1943, il a atteint aujourd'hui sa pleine maturité. L'unanimité s'est faite sur sa démarche et on le considère désormais comme un véritable magicien. Son habileté, la douceur de son contact avec la matière ligneuse qu'il creuse, ponce, poli, peaufine, est tout à fait surprenante. Dans le cèdre rouge du Canada ou dans des agglomérés de fibres, il fait naître des reliefs qui, tout en étant résolument abstraits, évoquent et ne cessent de nous suggérer des courbes des rondeurs, des vallonnements qui se trouvent mystérieusement accordés à la géographie du corps féminin.

On n'échappe pas à la séduction insidieuse de cette inspiration toujours fidèle à elle-même et toujours renouvelée. On comprend que l'on puisse réaliser de telles choses par la technique du modelage où la matière ductile obéit aux pressions et aux caresses de la main. Mais on demeure sidéré devant l'adresse jamais en défaut du tailleur et ponceur de bois qui s'alanguit ou se tord en galbes, en creux d'une extrême douceur, en tendresse charnelles, que l'on est déçu de ne pas découvrir sensibles et rétractiles lorsqu'on y porte, prudemment, le doigt.

Ces fragments empruntés au monde de l'humain, qui font songer à une épaule, au creux de l'aine, à la rondeur d'un sein, n'ont de rapport avec la figuration qu'au travers de notre imagination et de notre sensibilité. Issues d'une réalité concrète, ces choses se retrouvent digérées, assimilées par l'abstraction à quoi elles apportent quelque chose de suprêmement fascinant.

Les oeuvres de Michel DELAERE sont minutieusement enduites d'une laque mate noire, grise, beige, rose, parfois rouge aux nuances délicates et à peine perceptibles dont la lumière se fait complice. Un tel art pose pas mal de questions et occupe étrangement la pensée.

Galerie ARGO, Knokke-Zoute.

 

 

 

Auteur: ?                                                                                 

 

- JOURNAL ET INDEPENDANCE - février 1995.

 

LES SCULPTURES MURALES DE DELAERE.

DELAERE est un ciseleur du bois, un assembleur d'organes ligneux, un compositeur de géographies allusives au corps ou à la nature. Il taille, lime, scie, poli et agence des sections d'essence diverses dont certaines constitueront le corps de ses oeuvres; larges parties ondulantes qui évoquent une campagne aux collines paisibles ou la surface d'un océan qui respire au repos, ou encore les ailes vastes d'un oiseau qui plane et dont le corps paraît petit, enchâssé dans ces plans porteurs.

DELAERE est un voluptueux d'une certaine préciosité -préciosité des matières et préciosité de formes, de courbes, de combinaisons, autant que de nuances que de modulations. Les oeuvres animent des murs plans de reliefs chargés d'une vitalité sans violence à la nature et d'une double vision: celle extérieure, de grande surfaces sereines et celles plus intimes, d'organes qui palpitent doucement et qui se prêtent avec une grande discrétion à la découverte empreinte d'émerveillement et de surprises silencieuses.

Galerie J. Bastien , Bruxelles.

 

 

 

Anita NARDON                                                                                  

 

- SAISON -  février  1995

 

FEVRIER EN GALERIE

J. Bastien (rue de la Madeleine, 61) accueille Michel DELAERE dont les panneaux sculptés axés sur une partition verticale, font mouvement vers l'horizontalisation. Mariage de bois différents, peinture laquée, moirée ou veloutée du panneau et couleurs vives et soyeuses dans la fracture. Voilà une animation originale des surfaces qui suggèrent nos blessures profondes avec une remarquable délicatesse. Travail lent d'un artisan authentique, l'oeuvre est d'une inspiration personnelle très originale. A voir.

Galerie Bastien, Bruxelles.

 

 

 

Stéphane REY                                                                              

 

 -L'ECHO -   février  1995.

 

UN MAITRE INEGALE DU TRAVAIL DU BOIS

Il y a plus de dix ans, nous rencontrions pour la première fois Michel DELAERE que se disputent aujourd'hui les galeries les plus huppées. Il exposait à Knokke dans une salle courageuse aujourd'hui disparue et n'avait pas encore humé l'encens de la critique. Sa première apparition à Bruxelles se fit en octobre 86 à la galerie Montjoie et depuis lors, on l'a pris au sérieux.

Né à Buvrinnes (Hainaut) en 1943, menuisier à ses débuts, ébéniste par vocation, il habite et travaille à Fontaine-Valmont. Très habile de la main, il invente des formes au départ de cèdre rouge du Canada, pratiquant la ronde-bosse et créant des tableaux sculpture d'une aimable abstraction où l'imagination a tout loisir de faire des rapprochements avec la réalité.

 

GALBES ET ENTAILLES

Michel DELAERE donc caresse le bois, l'apprivoise, l'apaise, pour tout à coup l'entailler, lui creuser le flanc, prenant ensuite plaisir à poncer la blessure, à en arrondit les contours, à donner à, cette effraction de la  belle surface l'apparence d'une rondeur féminine, d'un fruit plein et doux, mais aussi parfois d'une plaie suturée où l'on croit encore voir les fils noués par le chirurgien.

L'artiste ne se contente pas de peaufiner les belles surfaces de cèdre d'outre-Atlantique ou des agglomérés, matériau tendre mais stable qui ne se déforme pas. Il le patine souvent en noir et cette fausse ébène à beaucoup plus d'allure -à notre sens- que les panneaux laqués d'un grand choix de couleur, dont la brillance évoque parfois le métal poli de la carrosserie automobile. Il fait naître des reliefs qui, tout en étant résolument abstraits, évoquent et ne cessent de suggérer les courbes, les rondeurs, les vallonnements qui se trouvent mystérieusement accordés à la géographie du corps humains. On n'échappe pas à la séduction insidieuse de cette inspiration toujours fidèle à elle-même et toujours renouvelée. On comprend que l'on puisse réaliser de telles choses par la technique du modelage où la matière ductile obéit aux pressions et aux caresses de la main. Mais on demeure sidéré devant l'adresse jamais en défaut du tailleur et du ponceur de bois qui fait naître de celui-ci une vie souple qui s'alanguit et se tord en galbe, en creux d'une extrême douceur, en tendresses charnelles, que l'on est déçu de ne pas découvrir sensibles et rétractiles lorsqu'on y porte prudemment le doigt.

Ces fragments empruntés au monde le l'humain, qui font songer à une épaule, au creux de l'aine, à la rondeur d'un sein, n'ont de rapport avec la figuration qu'au travers de notre imagination et notre sensibilité. Issues d'une réalité concrète, ces choses se retrouvent digérées, absorbées assimilées par l'abstraction à quoi elles apportent quelque chose de suprêmement fascinant. Un tel art pose pas mal de questions et occupe étrangement la pensée.

Pour la petite histoire, disons que ces oeuvres ont toutes leur secret. En cherchant bien, côté tranche, on pourrait découvrir la trace d'une petite obturation de la grandeur approximative d'une pièce d'un franc. Celle-ci abrite un message scellé dans l'épaisseur du bois et dont nous ne saurons jamais ce qu'il contient. C'est une sorte de déclaration de l'artiste vis-à-vis de lui-même, dans le genre: "Vous qui pénétrez mon esprit, ne prenez pas garde au désordre" ou "A l'écoute des autres, nous repoussons les ténèbres" ou encore "aux frissons d'un souffle" ou "marqué à jamais". Parfois même, mais ceci est un secret, un panneau coulissant découvre une cachette de feutrine noire, alvéoles pour bijou-souvenir privilégié.

Michel DELAERE n'est pas sans problèmes ni arrière-pensées. Son adresse et son imagination ont réussi à donner au bois l'apparence d'une feuille de plomb sur elle-même repliée, ou d'une cicatrice d'éventration ancienne, ou d'une déchirure, ou d'une coulée de miel grasse et douce, ou encore de la viscosité d'une huile épaisse hésitant au bord de la chute. On laissera à chacun le soin et la joie d'interpréter ces courbes, ces entailles et ces déchirures. De quoi rêver longtemps.

A la galerie Bastien jusqu'au 19 mars, Bruxelles.

 

 

 

JP. SENTRON                                                                          

 

-Le Journal du Collectionneur-  N° 49-  mars 1995

 

L'exposition des oeuvres de Michel DELAERE à la galerie BASTIEN à Bruxelles représente un événement qui ne passera certainement pas inaperçu et qui marquera à coup sûr cette saison. La personnalité de cet artiste étant assez exceptionnelle en son oeuvre, tranchant par son originalité de telle manière qu'elle ne peut être comparée à quoi que ce soit d'existant ou à quelque courant que ce soit.

 

L'impression recueillie par WIM TOEBOSCH (AICA) et l'attention qu'il en a donnée mérite notre attention:

L'image que nous nous faisons généralement d'un sculpteur est, s'il travail un matériaux dur -le bois, la pierre, le marbre- celle d'un homme qui manie la gouge, les ciseaux et le marteau avec la même vigueur, même si celle-ci n'exclut nullement un respect amoureux des matières; ou, s'il emploie la terre glaise, l'argile, la cire ou quelque autre substance malléable, celle d'un modeleur de volume, d'un bâtisseur d'images qu'il coule par après dans le bronze ou martèle en plaque de métal.

DELAERE n'applique aucune de ces deux méthodes et pour définir sa démarche, il faut faire appel à d'autres termes. DELAERE est un ciseleur du bois, un chirurgien disséqueur de sa substance favorite, un assembleur d'organes ligneux, un compositeur de géographie allusives au corps ou à la nature. Avec une patience et une sensibilité d'entomologiste ou de miniaturise, il détaille les parties d'un ensemble dont il porte déjà le structure dans sa tête et dans ses doigts. Il scie, lime, polit et agence des sections d'essences diverses dont certaines constitueront le corps de ses oeuvres: larges parties ondulantes qui évoquent une campagne en collines paisibles ou la surface d'un océan qui respire au repos; ou encore les ailes vastes d'un oiseau qui plane et dont le corps parait petit, enchâssé entre ces plans porteurs.

Cette plaine ou ce plateau ainsi rythmé est coupé par une médiane, par une entaille, vallée étroite et encaissée, faille géologique qui met à nu strates et filons, creusement qui est à la fois rupture et lien, pénétration qui recèle d'insoupçonnées richesse. Car le regard est irrésistiblement attiré par ces profondeurs, par des renflements, ou des creux qu'il veut explorer ou caresser, par des ourlets minces et sinueux ou des renfoncements ombreux et mystérieux.

Comme à plaisir, DELAERE se joue de notre imagination: ces brisures qu'il traite avec une méticulosité de joaillier, doivent-elles évoquer les profondeurs cachées de quelque partie du corps humain (il serait alors anatomiste-sculpteur) ou ces chemins profonds creusés par la pluie entre deux champs qui laissent apparaître, en leurs bords, les racines-entrailles des plantes et les composantes de la terre (ce qui ferait de lui un chercheur d'or ou un archéologue)?

En fait, il se moque bien de interprétation que nous pouvons donner de ses oeuvres. Il exprime tout simplement son amour pour le cèdre, ce bois odorant aux fibres très dessinées qu'il peut torsader ou entremêler en verticales et horizontales. Il joue aussi avec les couleurs, abandonnant pour le moment ses laques rouges autoritaires, pour préférer des bleus tendres, des gris chauds, des plages soyeuses de noirs clairs... Il crée à plaisir des petites cavernes d'ombres, des fissures obscures qui vous forcent à regarder ses sculptures de biais, à vous pencher pour mieux orienter vos regards, à réprimer une envie d'y enfoncer un doigt, DELAERE est un voluptueux d'une certaine préciosité -préciosité de matières et préciosité de formes, de courbes, de combinaisons, autant de nuances que de modulation.

Ses oeuvres animent des murs plans, par des reliefs chargés d'une vitalité empruntée sans violence à la nature, et d'une double respiration: celle extérieure, par de grandes surfaces sereines et celle, plus intime, d'organes qui palpitent doucement et qui se pénètrent avec une grande discrétion, à une découverte empreinte de surprise silencieuse et d'émerveillement.

Galerie J. Bastien, Bruxelles.

 

 

 

Wim TOEBOSCH AICA                                                                

 

- Galerie J BASTIEN - février 1995

 

LES SCULPTURES DE MICHEL DELAERE

DELAERE est un ciseleur du bois, un chirurgien-disséqueur de sa substance favorite, un assembleur d'organes ligneux, un compositeur de géographies allusives au corps ou à la nature. Avec une patience et une sensibilité d'entomologiste ou de miniaturiste, il détaille des parties d'un ensemble dont il porte déjà la structure dans sa tête et dans ses doigts. Il scie, lime, polit et agence des sections d'essences diverses dont certaines constitueront le corps de ses oeuvres: larges parties ondulantes qui évoquent une campagne en collines paisibles la surface d'un océan qui respire le repos; ou encore les ailes vastes d'un oiseau qui plane et dont le corps paraît petit, enchâssé entre ces plans porteurs. DELAERE est un voluptueux d'une certaine préciosité - préciosité de matières et préciosité de formes, de courbes, de combinaisons, autant de nuances que de modulation. Ses oeuvres animent des murs plans de reliefs chargés d'une vitalité empruntée sans violence à la nature, et d'une double respiration: celle, extérieure, de grandes surfaces sereines et celle, plus secrète, plus intime, d'organes qui palpitent doucement et qui se prêtent, avec une grande discrétion, à une découverte empreinte d'émerveillement et de surprise silencieuse.

Galerie J. Bastein à Bruxelles,

 

 

 

Anita NARDON                                                                                              

 

- IDEART NEWS - (PARIS)  février  1995

 

ARTS PLASTIQUES EN BELGIQUE

Michel DELAERE est l'hôte de la galerie Bastien à Bruxelles. Il travaille à la gouge selon la méthode classique, pour des oeuvres résolument actuelles. Les scansions verticales de ses panneaux laqués, mat ou veloutés, souvent nocturnes, s'ouvrent sur des rivières ou des chairs, parfois de couleurs vives. Le mariage des bois ajoutent à la vibration de ces oeuvres palpitantes. On rencontre à présent une tentative de scansion horizontale et d'inclusion de béton teinté. Dans les sculptures murales de l'artiste, la sensibilité voisine avec la poésie en un savoureux mélange raffiné et voluptueux.

Galerie J. Bastien à Bruxelles

 

 

 

Anita NARDON                                                                                              

 

- BRUXELLOISE INTERNATIONAL -  juin - septembre 1995

 

KNOKKE. La côte est le rendez-vous d'été et Knokke tout spécialement. La galerie Argo présente des petits formats jusque mi-août. Ce sera ensuite un festival de sculpture avec entre autres, Tom Frantzen, un des rares sculpteurs fantastiques et Michel DELAERE. Ce dernier utilise la faille des panneaux pour y introduire des reliefs travaillés à la gouge qui suggèrent le paysage et le rêve.

 

Next to him and completely different is Michel DELAERE. Panelsand partition are the main line, patient hollow chiselwork is the base. Panels open vertically or horizontally, he then introduce different woords in the break. The result is a land-city-seascape or any other dream situation. Curved lines and polished materials generate a peculiar light to a very style.

Galerie Argo à Knokke

 

 

 

Lucien RAMA                                                                             

 

- ARTS ANTIQUES AUCTIONS -  septembre 1995.

 

"AU-DELA D'UNE APPARENCE"

Le plus important aux yeux de Michel DELAERE, artiste du Hainaut, c'est de plonger toujours au plus profond d'une nostalgie recomposée où se mêlent présences charnelles et minérales. Sculpteur et assembleur de reliefs subtils, il nous propose un grand voyage dans la mémoire du bois, mobilisant de larges forces chromatiques. Pour façonner ses bas-reliefs, L'artiste a choisi de vivre et de travailler dans le petit village de Fontaine-Valmont. C'est là qu'il travaille le cèdre, un bois résineux et tendre d'Amérique du nord, ou encore le MDF qu'il associe au béton ou à l'acier. Sensible à la courbe, c'est là qu'il met à jour de remarquables cicatrices où la virtuosité technique voisine toujours avec une certaine poésie des formes. "C'est le polissage des bois qui donne naissance à des éclairages savants" aime-t-il a répéter! Mais derrière les plis délicats qui se gonflent et se creusent laissant apparaître de remarquables ondulations, presque coulées, il y a l'association de deux techniques: le modelage et la taille, mais aussi du talent à revendre. Quelle est la genèse de l'oeuvre? D'abord l'artiste modifie la masse du panneau par l'encollage d'éléments découpés, ensuite il met en forme par l'utilisation de gouges et de ciseaux, le passage au papier verré et parfois de la tronçonneuse faisant le reste.

Et puis la matière parle! Un souffle étrange intervient dans ce processus de création ce les galbes de bois se font chair. Alliant a l'invention des formes, ce travail de haut vol, prend le parti de laisser des plages de couleur s'intensifier jusqu'à l'extrême limite. L'artiste cherche alors la réaction, l'expression suggérant d'immenses vagues issues de mes mortes et noires.

Souvent, le sculpteur invite l'oeil à imaginer par delà les apparences et le visiteur peut s'y aventurer, l'imagination aussi! Mais il s'agit bien avant tout, par delà les apparences de révéler inconsciemment les parcours de la lumière, une lumière qui devra s'intensifier jusqu'à l'extrême. N'est-ce pas là l'essentiel?

Galerie Lierhmann, Liège.

 

 

 

Hugo BRUTIN                                                                                                     

 

-ARTS ANTIQUES AUCTIONS-  avril 1996  n° 270

 

De gelakte sculpturen in diverse kleuren van Michel Delaere worden veelal om niet te zeggen steeds gekenmerkt door een zich openvouwen van de tengere en warme vlakte die hij heeft gecreëerd. De lippen van de blessure, de bladen -het zijn geen bladeren- van de bloem golven sierlijk en verbergen evenzeer als zij onthullen en suggereren. Het esthetische beleeft hier een kleine revanche; de suggestie inspireert.

Er leeft een onzegbaar rythme.

 

Galerie Harmagedon, Kortrijk-Bellegembos.

 

En contemplant les sculptures laquées en diverses couleurs de Michel DELAERE on voit s'ouvrir la plaine frêle et chaleureuse qu'il crée. Les lèvres de la blessure, les pétales de la fleur ondulent gracieusement et dissimulent autant qu'elles révèlent et suggèrent.

Ici l'esthétique vit sa petite revanche, la suggestion inspire. Un rythme indicible y règne.

 

 

 

Chris VAN GELUWE                                                                                   

 

Galerie HARMAGEDON  avril 1996

 

Michel DELAERE est un "Einzelgänger" dans le monde artistique. Il suit sa propre voie.

Ses sculptures murales sont d'une beauté plastique consciente. Il accorde sa préférence au bois de cèdre.

Dans un champs d'équilibre et de tensions, il se fraie un chemin et crée dans une forme géométrique des figures à trois dimensions. L'aluminium et le béton sont approchés de le même façon.

Par le contraste entre la laque brillante et la laque mate, s'illumine des couleurs magnifiques qui glissent vers le coeur de la sculpture: des ondulations sensuelles, un fruit mûr - peau de pêche - une invitation que franchit le seuil du perceptible. Le bois devient expression veloutée, sensualité transcendante. Même si l'on qualifie l'oeuvre de Miche DELAERE d'abstrait géométrique, elle nous incite à rêver.

Si l'on ne tient pas compte des dimensions de son oeuvre, on pourrait la comparer au travail raffiné de l'orfèvre créant un bijou exceptionnel; car Michel DELAERE procède avec prudence, précision et tendresse.

Comme un vrai magicien, ne se laissant pas influencer, il déploie son propre style.

Le polissage parfait du bois, la pureté des courbes, les structures dans lesquelles la lumière et l'ombre jouent un jeu mystérieux nous révèlent l'entente extrêmement délicate de l'artiste avec la matière. Il nous dévoile ses émotions les plus profondes, un témoignage de l'esprit, la nature en mutation. Chaque oeuvre est une ode à la féminité éternelle.

C'est en poète qu'il donne à chaque oeuvre un titre qui lui semble évident. Il allège son âme par son art et sa poésie.

On ne peut qu'admirer la maîtrise exceptionnelle de l'artiste, qui joue avec les difficultés techniques du métier.

Dans un entourage sans faille, il suggère d'une manière subtile l'intégration de la monumentalité; ainsi, le panneau qui peut-être lac, déborde et devient océan. Espace et immensité.

Le critique d'art Wim TOEBOSCH, fort intéressé par l'oeuvre de Michel DELAERE écrit: "Ses panneaux sont comme des vallées creusées par l'eau coulant lentement. C'est comme si le mouvement de la terre et des vents dévoilent une écriture mystérieuse. Gonflements ou creusements, plis et rides brisent la raideur sereine de la surface et semblent mettre les fibres en mouvement. Souvent, ils nous font penser à ces ondulations dans un paysage vallonné , et parfois on pourrait même reconnaître une ligne d'horizon ou la trace d'un coup de fouet dans le sable. Mais le plus souvent, l'allusion aux rondeurs et aux plis de la géographie du corps féminin s'impose".

Pour Michel DELAERE, les matériaux - et avant tout le bois - sont des éléments organiques: chacun d'eux a sa spécificité propre et sa touche personnalisée. Mais en toute complicité, ils se laissent manipuler et moduler pour notre plus grand plaisir et défient notre pouvoir d'interprétation.

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"MICHEL DELAERE TUSSEN TEDERE PASSIE EN VERRUKKING"

 

MICHEL DELAERE (1943) is een "Einzelgänger" in de kunst. De houten wandreliëfs die hij schept zijn van een bewuste plastische schoonheid. Zeldzame houtsoorten, zoals ceder bv., genieten zijn voorkeur. In een veld van evenwicht en spanning baant hij zich een weg en creëert driedimensionele figuren in geometrische vormen. Aluminium en beton benadert hij op dezelfde wijze.

Uit het contrast van mat- en glanslak lichten schitterende tinten op die uitdeinen in het hart van de sculptuur: wellustige golvingen en plooien, een rijpe vrucht- perzikhuid- een uitnodiging die de grens van het waarneembare overschrijdt. Het hout wordt fluwelen expressiviteit, transcendente zinnelijkheid. Al bestempelt men DELAERE's kunst als " geometisch abstrakt" toch zet ze ons tot dromen aan.

Waren het niet de afmetingen van zijn oeuvre, men zou het kunnen vergelijken met het verfijnd werk van een edelsmid bij de creatie van een uitzonderlijk juweel. Want DELAERE gaat voorzichtig, precies en teder te werk bij het scheppen van ieder kunstwerk. Als een ware tovenaar, los van om het even welke bindind of invloed, ontplooit hij zijn gepersonaliseerde stijl. De volmaakte polijsting van het hout, de zuiverheid van de courbes, de structuren waarin licht en schaduw een geheimzinnig spel spelen openbaren ons het uiterst gevoelige gesprek van de kunstenaar met de materie. Zijn diepste gevoelens maakt hij ons kenbaar. Een bewuste getuigenis van de geest. Een brok natuur in mutatie

Ieder werk is trouwens een ode aan het eeuwige vrouwelijke. Als poëet geeft hij elk werk een titel die hem vanzelfsprekend lijkt. Zijn gemoed verlicht hij door monumentale kunst en poëzie.

Men kan alleen bewondering opbrengen voor het uitzonderlijk meesterschap van een kunstenaar die speelt met de technische moeilijkheden van het vak. In een feilloze omgeving suggereert hij, op subtiele manier, de integratie, de monumentaliteit: Het paneel (het meer) te laten overlopen om zo een oceaan te scheppen. Ruimte en oneindigheid....

Kunstcriticus Wim Toeboch, steeds door het oeuvre van DELAERE geïntresseerd, schrijft over hem/

" Zijn panelen zijn zoals valleien die ontstonden door de werkin van staag stromend water of alsof de wenteling van de aarde en het blazen van de wind een geheinzinnig schrift blootlegden. Zwellingen of uithollingen, plooien en rimpels breken de serene strakheid van het vlak en schijnen de vezels in beweging te zetten. Vaak doen ze aan de glooiingen van een heuvellandschap denken en soms zou men zelfs een horizonlijn of de in zand vastgelegde zweepslag van een windruk kunnen herkennen. Maar meestal dringt de aanknoping met- of de toespeling op- de rondingen en de vouwen die waar te nemen zijn in de geografie van het menselijk lichaam, zich op."

Materialen- en vooral zacht-gereind hout- zijn voor MICHEL DELAERE organische elementen: Ieder van hen heeft een eigen specificiteit en een persoonlijk betastingsvermogen. Maar bereidwillig en medeplichtig laten ze zich door de kunstenaar kneden en boetseren, waardoor ze ons zintuiglijk genot verhevigen en ons interpretatievermogen uitdagen.

Galerie Harmagedon, Kortrijk-Bellegembos.

 

 

 

Hugo Brutin                                                                                                     

 

-ART ANTIQUES AUCTIONS 271-  mei 1996

 

De wandsculpturen van Delaere zijn een zwart gelakt lichaam van hout of aluminium, een heerlijke vlakte waarin een plooi is ontstaan, een bedding, een langgerekte opening waarin lippen van cederhout verschijnen, glooiïngen groeien, een suggestive sfeer op de voorgrond treedt. Het werk van de kunstenaar, hout, aluminium, beton, heeft een esthetische en tevens ietwat mysterieuze allure.

De inkeping of het uitpuilen van een sensuele beweging creëert meteen een andere dimensie die stellig niet steeds op dezelfde manier door de kijker wordt geïnterpreteerd. Soms domineert het verfijnde , het aristocratische van het gebruikte materiaal zodat alleen een esthetische ontroering onstaat; een andere keer kan men het sensuele van de revelatie, van het zich ontvouwen van een aantrekkelijke geheimenis niet ontlopen. Delaere heeft eigenlijk binnen een aantal reminiscenties of verwijzingen een nieuwe vormtaal ontworpen die beheerst is en toch overrompelt.

 

Galerie Harmagedon, Kortrijk-Bellegembos

 

Les sculptures murales de Michel DELAERE consistent en un corps de bois ou d'aluminium laqué en noir, une plaine exquise où se forme un pli, un lit, une ouverture prolongée dans laquelle on aperçoit des lèvres en bois de cèdre, des fentes apparaissent et une ambiance suggestive s'impose.

L'oeuvre de l'artiste - le bois, l'aluminium, le béton - a une allure esthétique ainsi que quelque peu mystérieuse; L'entaille ou le gonflement sensuel crée immédiatement une autre dimension qui n'est certes pas toujours interprétée de ma même façon par le spectateur. De temps à autre domine le raffinement, l'aristocratique de la matière utilisé de telle sorte que seul une émotion esthétique jaillit; une autrefois on ne peut échapper à la sensualité de la révélation, à la découverte d'un mystère séduisant. En effet, DELAERE a créé un nouveau langage qui est maîtrisé et qui pourtant surprend.

 

 

 

Michel BOUFFIOUX                                                                    

 

TELE MOUSTIQUE : "Visite à domicile" 24 août 1996

 Philippe MAYSTADT  Vice Premier Ministre,

                                        Ministre des finances

                                        Ministre du commerce extérieur.

 

" Mon objet préféré? Cette sculpture"

 

" Elle est de DELAERE, un artiste wallon. Cela n’est pas figuratif...J'aime bien, c'est tout. Bien sûr, on peut y trouver une signification profonde. Cela peut représenter la maternité. DELAERE fait toujours des oeuvres un peu troublées. Cela veut peut-être dire aussi qu'on peut avoir une apparence très calme, mais tout à coup peut surgir la faille. On est tous un peu comme cela".

 

 

 

Stéphane REY                                                                                                         

 

"L'ECHO"  31 octobre 1996

 

Michel DELAERE: "LE BOIS SE FAIT CHAIR"

On connaît depuis plusieurs années l'art très particulier de Michel DELAERE, qui semble tenir à la fois de la peinture, de la sculpture et de la chirurgie. Devenu magicien de sa matière, il travaille le bois de cèdre avec une adresse et une sensibilité qui défient toute qualification. Il voit, sent, devine dans la matière ligneuse une série d'itinéraires dont il emprunte les détours, les méandres, les réactions tactiles, les abandons et les refus. Tendre et persévérant, il déploie ses séductions, multiplie ses invitations à une soumission confiante à ses jeux, à ses caprices, se risque à de nouvelles fantaisies, toujours plus assuré de son pouvoir de mener à bien des cheminements dont il sort convaincu de sa toute-puissance.

On n'en finirait pas de chercher des formules nouvelles pour faire le commentaire de cet art qui s'enrichit sans cesse de trouvailles dans la manière d'approcher le bois, de l'apprivoiser, de l'apaiser, avant d'y mordre, puis d'en polir la blessure, de la parer d'un enduit laqué noir, bleu, parfois gris ou rouge, avec des nuances presque imperceptibles dont la lumière se fait complice et qui, à leur manière, participent à l'investissement de l'oeuvre.

On n'échappe pas à la séduction insidieuse d'une inspiration toujours fidèle à elle-même et toujours renouvelée, où naît du bois une vie souple qui s'alanguit ou se tord en galbes ou en creux d'une extrême douceur, en tendresses charnelles que l'on est déçu de ne pas découvrir sensibles et rétractiles lorsqu'on y pose prudemment le doigt.

Michel DELAERE est un maître surprenant que l'on imite pas (et pour cause!) et dont l'oeuvre trouve toujours de nouveaux admirateurs.

Galerie ARGO à Knokke Zoute

 

 

 

Hugo BRUTIN                                                                    

 

- ARTS ANTIQUES AUCTIONS -  november 1996

 

Recente wandsculpturen van Michel DELAERE zullen in Knokke te zien zijn.

Sculpturen die ook een beetje schilderijen zijn in een verfijnde materie gegoten, met wanden van eterische schoonheid waarin een plotse diepte als een bloem ontluikt, als een grot van geheimenissen waar je als kijker wordt binnengelokt, verbaasd en gelukkig terzelfdertijd, bevreemd om wat dat hart van geërodeerd cerderhout in je wakker maakt. De sensualiteit van zijn wandsculpturen ligt evenzeer in het gesuggereerde als in het geziene. Sommige werken dragen letters in hun diepe diepte, stukjes electronische componenten, wieltjes, een fragment van een menselijke aanwezigheid: andere zijn eindeloze vlakten met een centraal gedeelte waar de ene sensibiliteit over de andere glijdt zoals lippen die elkaar onthullen. In de geest van de kunstenaar leeft ook de wens dat zijn werken een beeld zouden zijn van toenadering, van een naar elkaar toeneigen, van twee krachten die tussen elkaar iets heel gevoeligs herbergen.

ARGO art gallery te Knokke

 

 

 

 

Lucien RAMA

 

-ARTS-ANTIQUES-AUCTIONS, N° 279-  mars 1997

 

A LA GALERIE BECIANI

Le sculpteur Michel DELAERE est de retour. Il nous propose ses ultimes recherches laissant sortir de lui les empreintes enfouies dans le plus profond de son enfance.

Fortement marqué par la grotte de Lascaux, lieu sacré où l’homme a laissé la trace d’une transgression capitale, délaissant le travail au bénéfice de la naissance de l’art, l’artiste affronte une nouvelle étape de sa quête d’absolu.

Ce qu’en écrivait Georges Bataille en 1955, l’a aidé à franchir ce que jusqu’ici il s’était interdit : aujourd’hui, il se laisse aller à insérer dans son travail des cavités, des cellules, qui parfois sont simplement appliquées. Réalisées en cèdre érodé, elles ressemblent à des grottes aux allures de cathédrales. Des lieux marqués par le temps, mais à coup sûr, où la réflexion et le recueillement permettent de prendre force pour restreindre notre ignorance. Toutes ces cavernes sont occupées par des signes qui peuvent prendre l’allure de caractères d’imprimerie, de composants électroniques, de petits engrenages ou de petites figurations humaines. Tout ceci symbolisant des moyens de communications et d’échange qui favorisent le rapprochement entre les humains.

Charleroi, Jusqu’au 2 avril.

                                                                             

 

 

FOULON Roger                                                                                                   

 

-LE RAPPEL-  14 mars 1997

 

A LA GALERIE BECIANI A CHARLEROI, LE SCULPTEUR THUDINIEN MICHEL DELAERE

Michel DELAERE expose ses sculptures murales depuis le 7 mars et jusqu’au 13 avril en la galerie Beciani. Le sculpteur vit à Fontaine-Valmont. Il est né à Buvrinnes le 12 octobre 1943. Travaillant d’abord la ronde bosse, il trouve vite savoie originale en réalisant des sculptures murales aux galbes à la fois sensuels et mystérieux. Usant de techniques savantes, il transforme les bois précieux en évocations stylistiques où l’ombre et la lumière, voire des couleurs discrètes, attirent l’œil vers des excavations et des failles qui dévoilent le secret des formes féminines ou évoquent les courbes de paysages intérieurs.

Michel DELAERE s’est parfois laissé séduire par la taille du béton ou par le métal, dont il a contrôle la fusion. En ses modulations habituelles, où, profitant de la fibre naturelle du bois et d’un assemblage de lézardes ou d’ondes, il entre dans l’intimité des êtres et des choses. Sculpteur précieux, son travail, qu’il a présenté déjà dans de nombreuses expositions personnelles ou collectives, s’affirme comme une traduction allusive et précise, proche des réalités et des rêves.

 

 

 

CANON Jean-Marie                                                                                            

 

-LA NOUVELLE GAZETTE-  14 mars 1997

 

DELAERE AU CŒUR DE BOIS

DELAERE trouve son style et son âme au cœur du bois.

Le bois, il le connaît jusque dans ses racines et lorsque gamin, il parcourait les sentiers de Fontaine-Valmont, il lui arrivait de s’y accrocher les pieds, mais il lui est aussi arrivé de regarder comment les grandes personnes travaillaient.

C’est ainsi que ce « Petit Prince » qui se demandait comment on fait un dessin, a regardé travailler les bûcherons et aussi les menuisiers, qu’il a vu comment un imprimeur composait un texte. De ces souches de bois et de ces caractères d’imprimerie, il a voulu tirer une œuvre, ou plus simplement matérialiser un rêve.

Matière noble s’il en est, le bois est devenu pour Michel DELAERE un support de message, et s’il matérialise souvent dans ses sculptures une colonne vertébrale, c’est tout simplement parce qu’il est ossature de vie et charpente de réflexion.

Le bois de son enfance, il l’a observé et travaillé, mais il n’était qu’un début de réflexion, et c’est avec le cèdre que Michel DELAERE a trouvé qui pouvait suggérer plus qu’exprimer.

Rachis en forme de point d’interrogation, qui englobent des morceaux de technique nouvelle, ou quiétude sans question ?

On regarde les sculptures de DELAERE, et l’on attend.

Du 7 mars au 2 avril à Charleroi.

 

 

                                                                 1998-2000 et plus

 

 

Hugo Brutin                                                                                                         

 

-ART ANTIQUES AUCTIONS n° 295-  oktober 1998

 

GALERIE ARGO

...Daarna loopt een tentoonstelling van wandsulpturen van Michel DELAERE die toonbeelden zijn van een suggestief raffinement zowel op vormelijk vlak als op dat van materiegebruik. Zijn materialen zijn hooftzakkkelijk hout, zo lijkt het ons, diverse soorten edelhout, bewerkt en gepolijst, een zachte tegel die zich plots opent en een ander soort sensibiliteit, een andere tastbaarheid, een andere dons of warmte, een ander soort hout of een combinatie van diverse soorten reveleert in een opeenvolging van lippen en blessures.

Galerie ARGO van 17oktober tot 23 november 1998,Knokke-Zoute.

 

 

 

Stéphane REY                                                                                                     

 

-L’ECHO-  30 octobre 1998

 

Michel DELAERE : « DOUCEUR DES CREUX »

On connaît, depuis de nombreuses années, l’art très particulier de Michel Delaere, né à Buvrinnes (Hainaut) en 1943. Il habite et travaille à Fontaine-Valmont, et son art semble tenir à la fois de la peinture, de la sculpture et de la chirurgie. Son matériau de prédilection est le bois de cèdre rouge du Canada, mais aussi des agglomérés de très fines fibres.

Son contact avec la matière ligneuse qu’il creuse, ponce, polit, peaufine, est d’une extraordinaire habileté, et l’unanimité s’est faite sur sa démarche. C’est un magicien et personne ne songera, et pour cause, à l’imiter. Il voit, sent, devine, dans les panneaux-tableaux qu’il réalise, une série d’itinéraires, dont il emprunte d’instinct les détours, les méandres, les réactions tactiles, les abandons et les refus.

Tendre et persévérant, il déploie ses séductions et multiplie ses invitations à une soumission confiante à ses jeux, à ses caprices, se risquant à de nouvelles fantaisies, toujours assuré de son pouvoir de mener à bien des cheminements, qui s’enrichissent sans cesse de trouvailles.

On n’échappe pas à la séduction insidieuse d’une inspiration toujours fidèle à elle-même et toujours surprenante. Il fait naître du bois une vie souple, qui s’alanguit ou se tord en galbes ou en creux d’une extrême douceur, en tendresses quasi charnelles, que l’on est déçu de ne pas découvrir sensibles et rétractiles, lorsqu’on y pose prudemment le doigt.

Il a établi, pour la première fois, un catalogue de ses oeuvres, qui révèle l’ambiguïté et la réserve instinctive de son tempérament. Ainsi, ses titres : « de ces mots lissés », « de cette douceur impénétrable », « d’une voix sans parole », « sous l’étreinte du temps », « à taire l’essentiel »....On peut pénétrer par la magie de ces mots, dans le secret des élans qui font naître ces sonorités adoucies, ces chuchotements complices, qui suscitent le choix de colorations, allant du noir au velours, au bleu de nuit, au rose, au gris, au rouge de la plaie, avec des nuances presque imperceptibles, dont la lumière se fait complice et qui, à leur manière, participent à l’affirmation d’un rayonnement inexplicable, qui ne teint pas seulement à l’adresse extraordinaire du tailleur et du ponceur de bois, mais aussi à l’expression résolue d’une sensibilité coloristique indéniable de l’artiste.

Galerie ARGO, Knokke-Zoute, jusqu’au 23 novembre 1998.

 

 

 

Hugo Brutin                                                                                                         

 

-ARTS ANTIQUES AUCTIONS n° 296  novembre 1998

 

GALERIE ARGO

.Michel DELAERE.stelt er een nieuwe reeks wandsculpturen tentoon die naar sommigen beweren soberder zijn, meer gedepouilleerd, meer op zoek gaande naar de essentie. Maar wat is essentie wanneer gaat over sensualiteit en suggestieve kracht, over schoonheid die iets geheimzinnigs in zich bergt, over vlakten van een edele houtsoort die in een wellustige plooi een andere al even edele houtsoort ontvouwt, even laat zien, discreet en langzaam onthult ? De wandsculpturen van Michel Delaere zijn een en al esthetische emotie ; daarnaast zijn zij even belangrijk en aangrijpend omwille van zijn suggereren, het warme van een plooi, een vouw, een glooiing die men heel even meende te durven herkennen.

Galerie ARGO van 17oktober tot 23 november 1998,Knokke-Zoute.

 

 

 

Jo VERBRUGGHEN                                                                               

 

ARTIFEX, à Malmédy,  avril 1998 

 

Introduction de l’exposition de Michel DELAERE, « TELLE LA SÊVE DE L’ARBRE »

L’art ne supporte pas la stagnation. Il rejette l’arrêt. Il abhorre l’immobilisme, fut-ce la répétition de la beauté. Au gré de l’imaginaire volontiers débridé, la création se poursuit en coulée continue ; telle l’eau tumultueuse d’un torrent enserré entre les berges et qui dévale les pentes abruptes. Sans qu’il paraisse se lasser, tout artiste recherche un aboutissement que rien ne laisse présager. Cette fin inespérée perçue comme idéale ne sera jamais, sinon rarement atteinte. L’art, pourtant, a besoin de cet émerveillement dont dépend sa justification. Il s’agit bien d’une quête, d’une recherche éperdue et peut-être foncièrement déraisonnable puisqu’il s’agit du besoin incoercible de se dépasser. La fin recherchée est en effet bien plus importante que les moyens d’y parvenir.

Créer, c’est rechercher la démesure ; c’est vaincre à tout prix. Un héros, fut-il mythique, ne serait qu’un pauvre bougre, s’il n’avait vaincu le dragon. C’est cette difficulté essentielle qui lui confère sa raison d’être au monde, de vivre en sortant de l’anonymat. Un artiste qui promet n’est rien, aussi longtemps qu’il ne s’est pas pleinement réalisé dans son œuvre.

Tout évolue. Tout change. Les métamorphoses se recouvrent, les avatars se confondent. Tout est question d’images, de flot de reflets visualisés qui aident à voir et bien plus encore, à suggérer. En art, rien ne peut s’expliquer. Une expérience ne peut se transmettre. Rien ne se démontre ni ne s’affirme. Les portes s’ouvrent toutes sur le rêve. Dans le meilleur des cas on partagera celui du créateur, qui en artisan et en artiste à la fois, fait, agit, réalise. Il s’agit d’un « hacédor » comme le prétendait Jorge-Luis Borgès, celui qui fait et dont on pourrait traduire cette notion par « un oeuvrier », un mot à inventer, à sortir du néant.

Les oeuvres réalisées se heurtent, se bousculent, créant des rapports. Ceux-ci seront insolites, peu importe. L’art provoque des interférences, organise des tentatives salutaires même si ces essais ne sont pas tous accomplis. La perfection recherchée et rarement atteinte, n’engendrerait que l’ennui née d’une répétition fastidieuse. Les expériences importent, ces recommencements parfois inaboutis. Les essais titillent la curiosité et concentrent l’attention. La question est d’ailleurs toujours bien plus importante que la réponse. Ainsi seulement, en avançant de recommencement en déboires, le vrai dialogue naît, le besoin de partager avec un autre une même chose immatérielle. Mais peut-on partager un mirage ?

L’artiste crée ab nihilo. Il conçoit d’après des règles issues de ses propres cheminements. Personne ne le guidera. Aucune ligne droite n’est perceptible. L’évolution est heurtée. Chutes et réussites succèdent, créant d’emblée l’expérience, maintenant l’acuité de la vie, menant à la sagesse dans le meilleur des cas. L’artiste, peu conscient de cette route, avance. Il évolue, même s’il tâtonne. L’étoile est là, guidant les pas du promeneur prompt à s’égarer. Ses créations elles-mêmes seront d’ailleurs les seuls vrais et ultimes repères.

Vu ainsi, l’art est nécessairement magique. L’artiste est un chaman régissant son domaine. Sa sensibilité le guide. Lorsqu’il crée, il étire l’instant et le prolonge. Il défie les lois de l’équilibre, les rigueurs de la stabilité, les tentations de l’impossible. Tous les cheminements mènent nécessairement vers cet ailleurs qui nous habite, et qui s’accroche, enfoui dans nos âmes. Delaere est de ceux-là.

L’oubli se terre dans ses érosions, dans les séductions indicibles d’une matière dont la noblesse se joue de la lumière. Le bois traité vaut bien plus que l’hésitation furtive d’une caresse malhabile. Abandon et refus finiront par se recouvrir et se compléter. Seule la difficulté, inhérente à la connaissance de l’inanité de sa recherche de la perfectibilité, emporte et donne à l’œuvre réalisée sa vraie valeur, sa réelle authenticité.

Delaere crée. Artiste, poète et œuvrier (non ouvrier), il sculpte le bois de cèdre et le traite à l’instar de la nature. Elle aussi blesse, adoucit rompt et console. L’artiste s’insère dans les cavités. Il se love dans les failles, créant l’érosion, sublimant les ouvertures dont il parfait les grottes miniaturisées. A l’instar de la nature, il fouille le solide, fendille le tronc ou la hache, crée des avens et des avers pour y enfouir sa pensée, une phrase, un mot, un souffle de vie.

Rien n’engendre la révolte dans ce monde où tout respire la tranquillité. Les formes éblouies se couvrent de nuit. Le noir sera à nouveau l’aboutissement suprême de l’ombre. Le mystère s’accroche, puis se dévoile comme un drap qui recouvre un corps aimé, ou un brouillard qui se lève découvrant une immensité empreinte de sortilèges. Les crevasses s’ouvrent, béantes, douces, invitant à la caresse, au chuchotement, au murmure inaudible. Donner à voir. Dévoiler. Pourquoi ne pas suivre le renard qui demanda à être apprivoisé. L’imperceptible est proche, mais si l’art, nécessairement, trompe ; comme le fait tout artifice. Dans le cas présent, le bois s’est fait galbe. La blessure s’est fait creux, lit, couche ; ou ce vallon tellement pareil à celui où Arthur Rimbaud en poète laissa mourir le Dormeur du Val.

Berçons-nous d’illusions fortuites. Découvrons les herbes sous la cendre des forêts incendiées. L’aventure est peut-être au bout d’un espace quelconque, ici même dit-on, entre ces murs jaunes, cimaises destinées à montrer des oeuvres nouvelles. Oui, l’aventure est en nous. En moi aussi qui invité hier matin à faire ce soir cette introduction, ai découvert, il y a quelques instants, ces bornes en bois d’un parcours o combien émouvant. L’art permet toutes les approches. La mort en ces jardins éblouis rejoint les verts paradis de l’enfance. Cachons-y nos amours sublimées.

Salle Electrabel à Malmédy, du 17 avril au 3 mai 1998.

 

 

 

M. CONSERVA                                                                                        

 

-LA NOUVELLE GAZETTE-  21 septembre 1999

 

Michel DELAERE fait « parler » le bois

La galerie Alain BECCIANI ouvre sa nouvelle saison avec les sculptures murales de Michel DELAERE.

Il est loin le temps des bas reliefs féminins ciselés dans le bois, sa matière préférée.

Au fil des ans, Michel DELAERE a laissé parler son âme. Simplifiant, épurant la forme pour ne laisser apparaître que l’essence du geste. La pluie érode la roche, la rivière creuse la grotte...La nature prend corps, patiemment, au fil du temps. De la masse ligneuse, Michel DELAERE extirpe la sensualité des figures. Du cœur des panneaux de bois laqués au gris profond, surgit la forme nue. Divinement pure, sensuelle, féminine. La communion des sens !

Au creux du panneau « naît la vie » aux éléments « construits » laissant apparaître cette indicible légèreté de l’âme. La grande espérance de l’artiste dans l’humanité se lit dans ses oeuvres. « Seul on n’est rien » dit-il.

La magique union des éléments taillés dans le cèdre provoque la stimulation des sens jusqu’au plus profond de l’être.

Cette abstraction lyrique des formes et des sens est le reflet d’une âme noble et profonde.

On ne peut que vibrer devant des oeuvres telles « Aux liens de l’attente », « Les soirs où l’on oublie », « Par ces mots lissés »....

Le public découvrira, avec enchantement, les sculptures récentes de Michel DELAERE jusqu’au 6 octobre 1999.

Charleroi, galerie A Becciani

 

 

Roger FOULON                                                                           

 

-LA NOUVELLE GAZETTE-  Samedi 6 mai 2000

 

LEERS - ET- FOSTEAU

 

Michel DELAERE expose au Château

 

Michel DELAERE, né à Buvrinnes le 12 octobre 1943 s’est fixé depuis très longtemps à Fontaine-Valmont où il a installé son atelier de sculpture.

 

Travaillant d’abord la ronde bosse, il a vite trouvé sa voie originale en réalisant des sculptures murales aux galbes à la fois sensuels et mystérieux. Usant de techniques savantes, il transforme les bois précieux en évocations stylistiques où l’ombre et la lumière, voire des couleurs discrètes, attirent l’œil vers des excavations et des failles qui dévoilent le secret des formes féminines, ou évoquent les courbes de paysages intérieurs. Michel DELAERE s’est parfois laissé séduire par la taille du béton et par le métal en fusion. En ses modulations habituelles ou, profitant de la fibre naturelle du bois et d’un assemblage de lézardes et d’ondes, il entre dans l’intimité des êtres et des choses.

Sculpteur précieux, son travail s’affirme comme une traduction allusive et précise, proche des réalité et des rêves.

 

Au Fosteau

A l’initiative de M et Mme. Van Hoonacker, les animateurs du château du Fosteau, une imposante exposition des oeuvres de Michel DELAERE se tient en ce moment, et jusqu’au 11 septembre dans les jardins et les salles du Foresteil.

On est accueilli dans la cour par de grandes sculptures abstraites en acier qui profitent pleinement de la lumière pour préciser leurs graphismes.

Chaque salle du château permet ensuite de découvrir une centaine d’œuvres du sculpteur. La salle de l’étage du donjon met remarquablement en valeur des oeuvres de grandes dimensions.

Dans une des tours, des sculptures en papier proposent une nouvelle facette de l’artiste. Il s’agit d’épaisseurs de papier taillés et assemblés avec un rare souci d’esthétique savant. Une technique que Michel DELAERE se propose d’ailleurs de développer.

Des bijoux complètent cette exposition qui a été inaugurée en présence d’un très nombreux public.

M. Christian Renard, échevin de la Culture de Charleroi, a présenté l’artiste au cours de ce vernissage.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pierre DEJARDIN

                                                                                 

-VERS L’AVENIR / LE RAPPEL- mardi 9 MAI 2000

 

LA VIE CULTURELLE

 

Thuin : Exposition à Leers et Fosteau

 

Michel DELAERE expose au château du FOSTEAU.

 

Michel Delaere est revenu au château du Fosteau. Il y présente ses sculptures sur bois, ses sculpture en acier, ses bijoux.

 

Une foule d’amis était rassemblée sur la terrasse du château pour le vernissage de l’exposition de Michel Delaere. Pour beaucoup c’est une fidélité de nombreuses années ? «  Nous le suivons depuis 26 ans » témoignait une dame qui manifestement prenait plaisir à retrouver l’artiste et l’évolution de son œuvre. Monsieur et Madame Van Hoonacker, Les propriétaire font «  Œuvre d’art » en prêtant leur illustre demeure à des activités culturelles variées et de grande qualité.

Monsieur Van Hoonacker accueillait les visiteurs et laissait à Christian Renard, échevin de la culture de Charleroi le soin de présenter l’artiste. Du sculpteur dont la rencontre et le coup de foudre remonte à 20 ans, il dira que «  sa qualité c’est la recherche de l’essentiel, le dialogue permanent avec la vie lui-même, la nature qu’il traite, il restitue l’authenticité de la matière : bois, acier, aluminium, papier...Il tient compte des hommes et des femmes ; et est sensible à ce qu’un bijou "sculpture" soit porté par quelqu’un ».

 

L’artiste se livre

Michel Delaere est né à Buvrinnes le 12 octobre 1943. Il s’est installé à Fontaine-Valmont.

«  Je reviens au château un peu comme un fils prodigue, dit-il car j’ai eu l’occasion de le fréquenter dans ma jeunesse. Merci à tous ceux qui sont venus. L’artiste vit isolé dans sont atelier. Il a besoin, comme aujourd’hui de faire surface ». L’artiste a ensuite évoqué sont parcours. «  les sculpture en acier sont extrêmement récente. Je m’oriente vers une œuvre plus géométrique. Elle traduit la rigueur de l’esprit, c’est l’expression qui convient, la rigueur de l’esprit ».

En toute convivialité, il livre sa manière de travailler. «  La gestation est constante, car on est toujours occupé à créer. Il y a un point final. C’est lorsque l’idée qui a été motrice pour créer l’œuvre est saturée, est vidée de sa substance. Ce moment existe, on y arrive, l’apprentissage est dur. Il y a aussi le risque d’aller trop loin, du rajout, du mot de trop. Le temps vient aussi parcequ’on appréhende une autre œuvre » Existe-t-il une souffrance de la mise au monde ?

 «  Non, Van Gogh a souffert volontairement, dans ce cas je fermerais mon l’atelier. Il y a appréhension quand on commence, quand on donne forme à la matière. La sculpture est finie, polie. Je ne veux pas qu’on trouve trace du travail, de transpiration ».

Et si l’on demande à Michel Delaere si son œuvre contient un message, simplement il répond : « Le rapprochement entre tous les humains. Ma sculpture est composée de deux parties, séparées par un élément sculpté. C’est l’espérance vitale qui les rapproche. Il les écarte ou il tend à ce qu’elles ne soient plus qu’un. De cette existence, je préfère le rapprochement. »

Pierre Dujardin, au château du Fosteau jusqu’au 11 septembre.

 

 

 

Daniel WAUTHIER                                                                                 

 

-LA NOUVELLE GAZETTE-  mercredi 10 MAI 2000

 

LEERS - ET- FOSTEAU : Michel DELAERE : douceur et tendresse.

Au château du Fosteau, la sensualité des couleurs a donné rendez-vous à la douceur des formes. Fini le temps des sculptures de marbres, froides, dures, qui s’adressaient seulement au regard. Place aux sens : envie de toucher, caresser des yeux et des mains ce bois sculpté, taillé, lissé...Panneaux de bois laqué, gris profond, bleu nuit, dévoilant la beauté du bois précieux, travaillé, poli par les mains de l’artiste. Panneaux de rouge sang qui accrochent le regard, attirent la lumière. Formes secrètes surgissant de la matière, volupté des sens éveillé par les courbes.

La découverte de cette union magique de l’artiste et de la matière ne peut laisser indifférent. Ecoutez le bois « parler », laissez le mystère vous envahir.

Michel DELAERE est l’artiste qui a donné naissance à ces créations. Il est né à Buvrinnes, le 12 octobre 1943. Vous découvrirez ses sculptures au château du Fosteau jusqu’au 11 septembre 2000.

 

 

 

Lucien RAMA                                                                                           

 

-ARTS ANTIQUES AUCTIONS N° 313-  Juillet / août 2000.

 

GALERIE DU CHATEAU DU FOSTEAU

Les sculptures de Michel DELAERE allient la gravité à la fragilité. Dans le remarquable Château du Fosteau situé non loin de Fontaine-Valmont, chaque œuvre peut se lire comme une séquence ou un moment capté, s’inscrivant dans la continuité temporelle et thématique.

La notion de passage, associée à celle du temps, est développée en parallèle à travers une série de compositions en aluminium laquées au four. Nous trouverons aux cotés d’oeuvres intimistes, des compositions plus monumentales dignes d’intérêts.

Si son matériau de prédilection reste le bois de cèdre, mais aussi des panneaux de très fines fibres, il a trouvé dans l’acier Corten une série d’itinéraires, dont il emprunte d’instinct les détours, les méandres, les réactions tactiles, les abandons et les refus. Tendre et persévérant, il déploie ses séductions et multiplie ses invitations à une soumission confiante à ses yeux, à ses caprices, se risquant à des nouvelles fantaisies, toujours assuré de son pouvoir de mener à bien des cheminements, qui s’enrichissent sans cesse de trouvailles.

 Jusqu’au 20 septembre 2000 à Leers - et - Fosteau.

 

 

 

Stéphane REY                                                                                                   

 

-L’ECHO- 18 août 2000.

 

Michel Delaere, sculptures au château…

 

DE LA DOUCEUR QUOISI CHARNELLE DU BOIS A LA RIGUEUR DE L’ACIER

Depuis des années, on a pu apprendre à connaître et à savourer l’art très étrange et très particulier de Michel Delaere. On a pris goût à son art, qui tient à la fois de la sculpture, de la peinture et de la chirurgie esthétique.

Il travaille et habite à Fontaine-Valmont, et on a suivi, avec un intérêt fidèle, son travail de prédilection, qui usait du cèdre rouge, mais aussi de panneaux de fibres précieuses, qu’il creuse, fouille, ponce, polit, peaufine, est d’une habileté extrême, et l’unanimité s’est faite sur sa démarche.

Nous l’avons considéré, et le considérons toujours, comme un magicien, que personne ne songera, et pour cause, à imiter. Il voit, sent et devine dans ses panneaux-tableaux , une série d’itinéraires, dont il emprunte d’instinct les détours, les méandres, les réactions tactiles parfois inattendues, comme les abandons et les refus. Depuis des années, grâce à une inspiration toujours fidèle à elle-même et toujours surprenante de nouvelles trouvailles, il nous a fascinés par son adresse toujours plus diabolique, nous a suggéré la douceur quasi charnelle de la chose inerte qui s’est fait chair. Il a accentué son impact mystérieux par le recours à la couleur, du noir velouté au bleu nuit au gris, n’hésitant pas à mêler à ses émotions les pulsions d’un rouge passionné !

Et voilà qu’aujourd’hui, par la grâce des souvenirs renoués, Michel Delaere a trouvé où présenter des œuvres, tantôt récentes, tantôt déjà très anciennes, au beau château du Fosteau, à Leers-et-Fosteau, voisin de résidence et témoin de son enfance, dans cette superbe forteresse du XIVè siècle qu’il connaissait déjà enfant pour y avoir toujours été gentiment accueilli.

Y sont enfin exposées de grandes sculptures de plus de deux mètres, qui sommeillaient chez lui depuis longtemps, mais aussi, des bijoux en argent, des tas de richesses de l’imagination, nées du dialogue de matériaux inattendus, toujours riches de leur apport de douceur, de sérénité, de leur communication humaine.

Dans le parc, sont installées les hautes sculptures en acier Corten, dont l’oxydation habille la nudité d’une patine rousse. L’arrière-pensée de telles œuvres est une occupation de « rond-points ». Une bonne trentaine de maquettes sont prêtes à passer leur examen et à prendre la route.

C’est là une exposition étonnante, où l’expression abstraite, très récente chez notre jongleur de formes, associe là une rudesse plus géométrique à la douceur infinie des matières précieuses, traitées toujours avec la même tendresse.

 

 

           

Pierre-Jean FOULON

Conservateur au Musée royal de Mariemont

Maître de conférance aux Facultés universitaires Notre-Dame de la Paix à Namur.

 

Septembre 2000.

 

Le sculpteur Michel DELAERE

 

Henry Moore affirmait: "Dans une montagne, ce qui m'intéresse, ce n'est pas la montagne elle-même, mais les cavernes qu'on peut y trouver". Phrase qu'a certainement méditée Michel Delaere, dont l'oeuvre et l'imaginaire furent - ce sont ses dires - "marqués profondément" par le travail du grand sculpteur anglais. Car Michel Delaere aime les cavernes, les grottes, les anfractuosités. Tout jeune encore (il est né à Buvrinnes, près de Binche, en 1943, pendant la Deuxième Guerre mondiale), il sculpte "des grottes" dans des caisses à oranges. Le creux - ou plus exactement le creusement -, la fissure, la fente (Michel Delaere aime aussi dire son intérêt pour les coupures et les entailles de Lucio Fontana) est donc une thématique centrale dans l'univers plastique de cet artiste hennuyer. Ces raies, ces creux, ces "cavernes", Delaere les travaille en force, en puissance, passant généralement de vastes zones calmes et tranquilles à des cassures effervescentes, à des affaisements parfois torturés, voire suturés. Et l'on songe, dès lors, malgré la sérénité des larges plans qui encadrent ces chutes et ces ravins, à la mise en place de moments dramatiquement intenses, de gestes violemment émotifs. Michel Delaere, expressionniste...

 

Pourtant, Michel Delaere est bien aussi sculpteur minimaliste. Contenu, mesuré, abstrait dans ses discours comme dans son geste, constructiviste, méticuleux et précis, ordonné et efficace, Delaere se rapproche ainsi d'autres formes d'art, d'autres chemins stylistiques, d'autres artistes aussi qu'il aime et qui, également, l'ont ému: Jo Delahaut, qu'il a bien connu, Marcel-Louis Baugniet, qu'il a beaucoup fréquenté et dont il possède certaines fameuses oeuvres "aux coquilles d'oeufs". Dans ses oeuvres "construites", Michel Delaere aborde les thèmes centraux de la force du simple et de la puissance de l'esprit. Quelques lignes, peu de traits, des volumes élémentaires suffisent alors à nouer au sein des matières une tension conceptuelle et une pureté salubre.

 

On pourrait croire, au vu de ceci, que l'artiste Michel Delaere offre deux visages, deux manières, deux styles. Il n'en est rien. Car, en cette oeuvre nuancée, violence et construction, expressionnisme et minimalisme se mêlent la plupart du temps, au sein d'un dialogue franc, contrasté, mais singulièrement unifiant. En témoignent certains reliefs sobres - oeuvres comptant parmi les plus représentatives de son travail , immenses plages que rien ne vient troubler dans leur sérénité minimale si ce n'est, souvent au centre et comme une blessure des matières et du regard, cette échancrure, cette "plaie" parfois légère, parfois profonde, toujours troublante en sa vérité expressionniste. Et l'on ne peut s'empêcher de penser, dès lors, que Michel Delaere est bien en accord avec son époque post-moderne qui, rejetant tout dogmatisme stylistique et toute unicité de pensée, trouve ses formes et ses discours en une multiplicité de réseaux et, fondamentalement, en un fructueux mélange de genres et d'idées.

 

Dans l'oeuvre très abondante de Michel Delaere (il fête en 2000 ses trente années de création artistique et ses vingt ans d'exposition), les matériaux eux aussi témoignent d'une grande volonté de recherche et d'innovation. C'est pourtant le bois qui apparaît comme sa matière de prédilection. Surtout le cèdre, celui du Canada, dont la texture, expressive lui donne, dès les premières attaques de l'outil, d'immenses possibilités de traitements et d'évocations. Les fibres du cèdre, à l'infini répétées en stries parallèles, proposent au sculpteur mouvements, directions, itinéraires. "Fendre une pièce de bois, dit Michel Delaere, ce n'est pas banal". C'est souvent ce premier geste qui dicte à l'artiste les voies de sa création.

 

Lorsqu'il est industriellement reconstitué selon des techniques très contemporaines, le bois peut donner naissance à un matériau dense, ductile, propre aux tailles vives mais aussi aux douceurs, aux courbes et, si l'on n'y prend garde, à un jeu maniériste facile. Cette matière exigeante, Delaere va l'utiliser à foison, ponçant les surfaces, galbant les formes, soulignant les mouvements. Pour parfaire l'épiderme et lui conférer une nature forte et sereine, lisse et sensuelle, le sculpteur n'hésite pas à faire usage de laques unifiant les espaces et synthétisant la vision. Les reliefs et les volumes prennent alors des aspects d'objets précieux, accrochant la lumière en jeux subtils et en multiples renvois d'images: celle de l'oeuvre elle-même, mais aussi celle des scintillements d'alentour.

 

Sculpteur sur bois, Michel Delaere travaille néanmons aussi, avec un égal talent, la pierre, le métal et même aujourd'hui le papier. La pierre intervient certes dans un nombre réduit de ses oeuvres. Ces dernières ne sont pourtant pas moins significatives d'un travail où le matériau est senti comme élément essentiel des valeurs et des choix. Delaere aime d'ailleurs montrer à ses invités des "pierres" qui l'ont prodigieusement intéressé et déclenché chez lui des désirs créatifs. Ces "pierres", des galets découverts sur la plage ou des roches puisées dans les carrières, sont autant de "ready-made" naturels qu'un regard d'artiste a élevés au rang de créations. Le choix a suffi pour transformer le grès ou le calcaire - souvent porteur d'incrustations linéaires ou de failles naturelles - en réalités chargées de sens.

 

Le métal est aujourd'hui très présent dans l'oeuvre monumentale de Michel Delaere. Amateur de reliefs (bas ou hauts), l'artiste travaille plus la feuille d'acier que le volume massif. Son travail sur le métal est ainsi itinéraire de découpes et non modelage et fonte de masses. Chez Delaere, la tôle est, ainsi qu'il le dit lui-même, une "peau" qu'il travaille en lui donnant étalement au départ de sa surface lacérée. Découpant l'acier au plasma, il le sectionne, le taraude et le plie pour quitter le plan et l'épanouir dans les trois dimensions. Dès lors, soudant, incurvant, figeant tout en réservant cependant une part de mobilité à certains éléments, il donne à ses sculptures des espaces nouveaux où l'expressionnisme se résorbe dans les lignes et la simplicité s'exaspère dans le traitement des espaces. Et rien n'est plus convaincant aussi que cette volonté d'utiliser la plupart du temps un acier corten brut dont l'épiderme roux et marron se patine et se révèle au fil des temps et selon la nature des lieux.

 

Dans l'oeuvre sculptée de Michel Delaere, le métal existe cependant ailleurs que dans sa sculpture monumentale. Créateur de bijoux, l'artiste modèle alors la cire qui se "perdra" - on parle de "cire perdue" à propos de cette technique - en s'évaporant à l'intérieur d'un moule et en laissant sa place à l'argent et aux autres métaux précieux. Ces bijoux, Delaere les façonne comme de petites sculptures, judicieusement équilibrées et porteuses des mêmes messages visuels que ses oeuvres de grandes dimensions. Au bord de larges zones éclatantes et polies, naissent des replis, des creux, des sutures qui sont autant d'accidents imprévus que les cicatrices au sein des grands reliefs. Dans ces bijoux, petites merveilles de finition et de délicatesse, le soin et la précision de l'artiste éblouissent et signifient. On est conquis par la netteté du geste et l'éclat rare des métaux.

 

Plus étonnante encore est cette nouvelle matière désormais introduite par Delaere dans son oeuvre: le papier. Blanc, et donc très "minimal", le papier, dans ces compositions constructivistes, s'accumule en feuilles que le sculpteur découpe, tord, entaille, superpose en reliefs minces installés derrière la vitre d'un cadre qui leur sert de lieu d'éploiement et d'univers clos. Là, sous le verre, les papiers se chevauchent en rythmes d'ombres et de lumières et balisent, de leurs franges sans cesse répétées, des espaces où vides et pleins s'estompent en lignes acérées ou strates dynamiques. Précieux, intelligents, subtils, ces reliefs en papier sont des oeuvres fortes hissant Delaere au rang de ces créateurs lucides conscients que l'art se forme dans la rigueur du propos et la pertinence du geste.

 

Récemment, Michel Delaere a présenté au Château du Fosteau, près de Thuin, une exposition de grande qualité où figuraient bon nombre d'oeuvres majeures réalisées au cours de ses vingt-cinq années de travaux de sculpteur. On y voyait aussi bien des reliefs muraux que des bijoux, des "papiers" que des "bois", des installations que des sculptures. Ce qui frappait surtout le visiteur, en ce lieu superbe composé de jardins, de donjons et de salles d'armes, c'était l'incessante recherche d'un artiste qui, au long d'un quart de siècle, fidèle à l'idée de découpe, de taille et de surface plus qu'à celle de modelage et de masse, a été autant expérimentateur de matières que créateur de formes. Mais, plus qu'une rétrospective, cette manifestation était surtout une promesse: celle de voir Michel Delaere désormais travailler le monumental au-delà de toute dimension abordée jusqu'aujourd'hui dans son oeuvre. Préoccupé par l'art public et l'intégration de la sculpture dans l'espace urbain, Delaere pense maintenant aux cités froides qui revendiquent l'art pour refuser l'inhumanité. Et l'on se plaît à penser que certains beaux aciers choisis de Delaere pourraient être une alternative de qualité à l'atterrante banalité de trop de sculptures de parcs, de ronds-points ou de fontaines. Delaere, en effet, est de ces artistes qui ont saisi les exigences de l'art et de la création et y font face au-delà des modes, des déraisons ou des privilèges.

     

 

 

 

Coralie Aliboni                                                                                                   

Conservatrice adjointe au Musée des Beaux-Arts de Charleroi

 

Catalogue « Celsius 1535 » Musée des Beaux-Arts de Charleroi,  Novembre 2001.

 

« Poésie paradoxale »

Au Musée des Beaux-Arts

Par de subtils jeux de découpes et de couleurs, les reliefs présentés au Musée génèrent une poésie paradoxale.

Si les sculptures murales de Delaere, sobres géométries sans plus aucunes référence naturaliste, résultent de l’analyse objective et rigoureuse multiples et variées, elles n’en sont pas moins le fruit d’une incessante recherche autour de la notion de creusement et de profondeur secrète…

Au-delà de la forme abstraite, percevoir une sensibilité traduite dans des titres évocateurs : Etouffant le pire, Repoussant l’inutile, Soupçonnant une ride…

Contraste significatif du travail d’un plasticien qui aime la nuance, source intarissable mais néanmoins exigeante de sa créativité.

 

Au gré des vents

Pour « Celsius 1535-acier en sculpture », Michel Delaere a choisi d’investire un des ronds-points clés de la cité. Situé à la jonction de la route de Mons, de la chaussée de Bruxelles et de l’avenue des Alliés, le rond-point dit « du Viaduc » est surplombé par le ring de Charleroi : « Si le pont barre l’entrée de la ville, il n’en est pas moins une fenêtre qui s’ouvre progressivement sur elle avec pudeur…. »

Une tôle d’acier (370 x 450 x 100), placée verticalement, est soumise à un effet de torsion et de lacérations. Ainsi tordue et ajourée en ses quatre cinquièmes et sur presque toute sa hauteur par cinq languettes découpées au laser, elle participe pleinement d’une toujours délicate jonction Centre Ville-Périphérie.

Au sortir de la Ville, le métal découpé perd de son opacité occultante et laisse deviner par un subtil écartement, un paysage industriel chargé de fumée et d’histoire.

Au contraire, au moment de pénétrer dans l’espace urbain, au cœur même du trafic intense et incessant, cette feuille de métal fragilisée par ses dimensions hors norme, se hisse comme une voile, surface ondulante devenue repère.

Paroi transformée en volume, cette intégration de Delaere concentre en elle le paradoxe d’une démarche vouée à l’espace. Profondeurs enfouies, anfractuosités cachées, voies insoupçonnées, sont autant d’espaces que l’artiste relève au fil de ses creusements ou autres écartements.

 

A la fois soumise au jeu des torsions et des lacérations, l’œuvre est le fruit d’une recherche sur l’équilibre et en l’occurrence la stabilité qui en découle, ainsi que sur la profondeur, espace infini qui se développe à l’arrière de la feuille de métal.

 

 

 

Wim TOEBOSCH                                                                                    

 

-ARTS ANTIQUES AUCTIONS-  AVRIL 2003.

 

CAP D’ART Gallery

Les œuvres du sculpteur Michel DELAERE témoignent d’un talent mûri, d’une sûreté d’inspiration et d’exécution qui allie la simplicité sensuelle des formes taillées dans le bois à une perception musicale et raffinée des failles, des gonflements, des étirements voluptueux de la croûte terrestre ou de l’essence d’un bois précieux. L’émotion, dans ses œuvres, à l’air de se glisser entre lumière et ombres, comme un lézard, et à ne se laisser capter qu’avec l’assurance d’une affinité partagée avec le spectateur.

Lac de Genval jusqu’au 13 avril.

 

 

 

Pierre Dejardin                  

 

-Vers l’avenir-  décembre 2002

 

"Au gré des vents" nominée

 

Lors de la désignation des lauréats de la biennale du concours de l’acier 2002 organisé par le Centre Information Acier, le sculpteur thudinien Michel Delaere à été mis à l’honneur.

 

Sur 147 réalisations participant au concours, 20 ont été nominés et 4 primés dans 4 catégories. Dans la catégorie "Génie civil et ouvrages d’art",  5 réalisation on été nominées dont la sculpture de Michel Delaere de Fontaine-Valmont. L’œuvre de Michel  Delaere marque le rond-point de l’entrée Ouest de Charleroi. La Ville en a fait l’acquisition.

 

Une lame d’acier

Pour l’artiste : "le choix de l’acier s’imposait non seulement par ses qualités de résistance élevée dans de faibles épaisseurs, mais aussi pour son caractère nerveux et rebelle ainsi que par la tension qui peut s’en dégager. De plus, la passé et le présent de cette ville sont imbibés par la production de cette matière"…"En écartant l’application de la couleur, j’ai voulu présenter cette matière dans sa nudité, mais aussi sa vulnérabilité face au temps, bien que cet acier spécial se protége par une oxydation chaleureuse.

Cette paroi en "voile d’acier" s’inscrit dans un carré de 350 x 350 cm qui incliné laisse l’impression qu’il s’extirpe du sol. Sa faible épaisseur permet au vent d’en mettre une partie en mouvement. De la chaussée de Bruxelles, la sculpture se présente de côté et devient pratiquement transparente".

 

Michel Delaere de Buvrinnes à Los Angeles

Né à Buvrinnes en 1943, il vit et travaille à Fonatine-Valmont qu’il habitera à l’age de 9 mois.  Il expose en permanence à Los Angeles mais aussi au château du Fosteau à Thuin. Sculpteur travaille le bois, mais aussi la pierre, les métaux, le papier blanc, crée des bijoux.

De son œuvre en métal, Pierre-Jean foulon écrit : "L’artiste travaille plus la feuille d’acier que le volume massif. Chez Delaere, la tôle est ainsi qu’il le dit lui-même, une peau qu’il travaille en lui donnant étalement au départ de sa surface lacérée. Il le découpe au plasma, il le sectionne, le taraude et le plie pour quitter le plan et l’épanouir dans les trois dimensions. Il réserve une part de mobilité à certains éléments. Et rien n’est plus convaincant que cette volonté d’utiliser la plupart du temps un acier brut dont l’épiderme se patine de roux et marron qui se révèle au fil des temps et selon la nature des lieux".

 

Mise à l’honneur à Bruxelles, des aménagements du rond-point du viaduc à Charleroi devraient mettre cette œuvre dans un environnement digne qu’elle mérite.

 

 

 

Didier ALBIN                                                                  

 

- LE SOIR – janvier 2003

 

Charleroi : "Au gré des vents" :

Au confluant de la route Mons et de la chaussée de Bruxelles sou le ring du viaduc de Charleroi, elle se dessine. comme une harpe dont seul jouerai le vent, la sculpture de Michel Delaere associe à l’apparente vulnérabilité d’une feuille d’acier la résistance d’un matériau livré à la patine du temps. Travaillée penchée, les lames verticales progressivement inclinées donnent un relief et un mouvement à l’œuvre. Le travail de l’artiste de Fontaine-Valmont a séduit je jury du centre belgo-luxembourgeois d’information de l’acier. C’est ainsi qu’avec dix-neuf autres projets, il a été nominé au concours acier  (dans la catégorie génie civil et ouvrages d’art)  pour lequel près de 150 dossiers avaient rentrés. La sculpture "Au gré des vents" est la seule œuvre primée du Hainaut.  A côté des métaux que Delaere aime employer en tôles pour incurver, sectionner et tarauder ses grands formats, de préserver leur mobilité, les faire vivre dans le mouvement, l’artiste modèle aussi le bois. Le cèdre nord-américain surtout. Il l’apprécie pour sa texture, sa couleur, sa densité et sa douceur. Il s’est enfin essayé à d’autres matières comme la pierre et le papier, l’argent pour les bijoux.

Bruxelles 2003

 

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