◄vers 1980-1990
1991-2000
et +
Stéphane
REY
-L'ECHO DE LE
BOIS SE FAIT CHAIR
Bien
qu'accrochées au mur, les Oeuvres de Michel DELAERE n'ont qu'un lointain
rapport avec la peinture. L'artiste est sculpteur sur bois, d'une minutie
d'orfèvre et présente des reliefs d'une insidieuse habileté, laqués de noir,
de bleu sombre ou de rouge. On s'étonne que l'on puisse ainsi donner au bois
une telle apparence de ductilité, et l'on se demande, si le matériau utilisé
n'est pas quelque obéissante matière plastique. Il n'en est reins. Michel
DELAERE travaille des panneaux de cèdre ou d'aggloméré de fibres ligneuses d'une
nature très particulière dans lesquels il porte l'outil entaillant, creusant
le flanc, donnant de la souplesse à celle-ci, ou bien ouvrant avec plus de
résolution des plaies aux bords cruellement déchirés. La verticalité de ses
blessures savantes évoque indubitablement une féminité vouée au malin plaisir
d'une imagination à la fois contrôlée et délirante. On ne peut qu'admirer la maîtrise exceptionnelle d'un artisan qui se joue des difficultés techniques et dont les courbes, les creux, les entailles et les galbes permettent de penser à toute autre chose que du bois minutieusement façonné. On
songe parfois aux arrondis luisants d'un fragment de carrosserie, à la pâte
obéissante que le boulanger triture avec adresse, à des coulées de matières
grasses et épaisses s'épandant sans bruit comme une lave de chair. Car,
finalement, c'est bien la chair que l'on évoque ici, lisse et douce, ferme et
tendue, fragments empruntés à la chaleur de la vie, qui ont l'apparence une
épaule, d'un flanc, d'une franche, d'un ventre qui s'ouvre parfois d'une
cruelle entaille comme si l'on avait cherché à en percer le secret. Art
original et fascinant dont on gardera le souvenir. Galerie
Tempera, Bruxelles. |
|
Stéphane REY
- MICHEL DELAERE A
|
|
Roger FOULON
-LE RAPPEL- janvier 1992. Membre des Artistes de Thudinie, Michel DELAERE, sculpteur bien connu et
domicilié à Fontaine-Valmont, va exposer ses nouvelles sculptures murales à
la galerie Beciani du 31 janvier au 26 février. Cet ensemble est appelé par le sculpteur "A travers mes champs". Il
s'agit de bois laqués ou de cèdre teinté qui viennent en contrepoint à de
pensées de l'artiste: "C'est quand
la lumière s'affaisse qu'elle m'inspire le plus la vie. Tous ces moments qui
se bousculent, l'un chassant l'autre. Attention! Prenons garde! Il faut à
tout prix se les remémorer au risque qu'à défaut, le temps disparaisse". Les oeuvres qui seront exposées
portent des titres révélateurs qui soulignent les entailles, les reliefs, les
élancements, les recouvrements des formes. Parmi ces titres: "Au-delà
des reproches", "Dans le silence des mots", "Au creux
d'un souffle", "Aux frissons d'une larme", "Pour
dissoudre le néant" ou "Au plus doux des ombres". Une sculpture à la fois éthérée et
sensuelle, un souci delà perfection dans la taille, des surfaces modulées
jouant avec la lumière et les ombres. Thuin. |
|
Lucien RAMA
-ARTS
ANTIQUES AUCTIONS- février
1992. La galerie Beciani
propose en ce mois de février les oeuvres de Michel DELAERE, brillant artiste
et poète du bois et de ses variances. Ses panneaux d'essences rares sont mis
en valeur verticalement. Travaillés admirablement à la gouge,
ils sont ensuite, polis et modulés pour être assemblés en laissant murmurer
une faille centrale ouverte sur le mode et ses déchirures. Tout l'intérieur de ces oeuvres est
fait de plissements vagues qui soulignent le passage de la mémoire! Les
pièces divisées en deux mettent en évidence le rapport de symétrie dans le
conflit des masses et des ondes satinées. Tout est réalisé avec une science de
l'arabesque et du polissage admirable, on devine une sensualité exigeante et
la métaphorique de l'esprit mais également toute la volupté chromatique des
origines végétales et charnelles. Un superbe artiste à découvrir. Galerie Beciani,
Charleroi. |
|
DUMONT Marcelle
-SPAZIO- -ARTS- mars 1992. ENTRE SENSUALITE ET
TENDRESSE, MICHEL DELAERE
SCULPTEUR Michel DELAERE est passionné du
bois depuis son enfance. Prédestination due à son nom qui en vieux flamand
signifie "de la clairière", ou atavisme venu d'ancêtres
garde-forestiers?; Né en Thudinie, à Buvrinnes, il habite depuis sa plus tendre enfance
Fontaine-Valmont où son père était agriculteur. Il a fait
construire pour lui et sa famille, face à son atelier, une maison discrète
qui tourne le dos au visiteur et ouvre ses fenêtres vers un beau paysage
calme où coule C'est
pourquoi il a pu intituler avec tendresse sa dernière exposition "A
travers mes champs". A
l'âge de six ans, le petit Michel récoltait les caisses à oranges à
l'épicerie du village, pour y tailler des fermes et des grottes. Jeune
adulte, il est employé dans une entreprise de transformation du bois et se
retrouve un jour adjoint à la direction. Mais le contact avec la matière lui
manque. Il se met à tailler de petits objets en bois qu'il imagine un jour
coller sur un panneau rectangulaire. Déjà sous le hobby percent les retrouvailles avec
son ancienne passion. Le thème dominant de Michel DELAERE est la femme.
C'est en poète qu'il couronne chaque oeuvre d'un titre qui lui apparaît comme
une évidence car, tout en travaillant, il a l'habitude de noter ses
réflexions. Les sculptures de Michel DELAERE, fascinent dès
l'abord par leur beauté plastique: douceur blonde du cèdre amoureusement
taillé d'une main caressante, contraste des laques satinées et brillantes
recouvrant le bois, coloris somptueux ou discrets qu'exalte la lumière
matière travaillée parfois comme une dentelle de pierre ou éclatée en courbes
voluptueuses. Elles troublent et retiennent ensuite par leur côté magique.
Ces peintures-sculptures entr'ouvertes comme un beau fruit semblent nous
inviter à franchir une frontière au-delà des apparences. Chantre de la déchirure, Michel DELAERE est avant
tout un amoureux fervent mais pudique de la femme. D'abord présente dans ses
oeuvres avec une évidence figurative jusqu'à devenir allusion frémissante,
soif d'autre chose, d'une fusion presque mystique avec l'autre. Tout est là sans doute, dans cette tendre passion
et dans l'intransigeance d'un artiste conscient que la création est un
travail constant qui ne s'arrête jamais. Attentif aussi à ne pas céder à la
facilité. "On
fait de l'art d'abord pour soi,
dit-il, mais je suis surpris de
l'émotion que ça suscite chez les autres. Il faut rester fidèle à soi-même,
sinon on commence à parler de mode et on est abîmé". Il sourit lorsque j'évoque l'impression
"autre côté du miroir" que donne son oeuvre. Communiquer est très
important pour lui mais il estime que c'est le plus difficile. "Le social est devenu argent. On
s'affiche sans se livrer". Lors d'une exposition qui a eu lieu à la
galerie Montjoie en 1986, son thème était précisément à la communication.
Plusieurs oeuvres exposées évoquaient deux chairs déchirées réunies par des
points de suture? Pars souci de perfectionnisme, il avait demandé à un ami
chirurgien de coudre lui-même ces entailles. Quelle émotion lorsque celui-ci
déclara ensuite qu'il venait de procéder à sa dernière opération. Il avait en
effet décidé le jour même de cesser de pratiquer. Michel DELAERE lui, ne s'arrête pas. Le cèdre, le
bois laqué tour à tour le sollicitent, mais il travaille aussi le béton et
l'acier, auquel une prochaine exposition sera consacrée. Tourmenté comme tout
créateur, il se demande toujours quand il faut s'arrêter sous peine de se
répéter. N'a-t-il pas eu un jour la tentation d'abandonner sur la plage une
partie de son oeuvre? Heureusement, la mer est loin! Et cet autre jour, pour
rompre sa complicité trop facile avec le cèdre, n'a-t-il pas roulé de petits
textes dans une anfractuosité de certaines sculptures, comme une sorte de
point final? "Un peu comme on
lance une bouteille à la mer". Je vous l'avais dit: ce sculpteur est
aussi poète! Bruxelles. |
|
Stéphane REY
-L'ECHO- août
1992. SCULPTURE MURALE Travailleur du bois très habile, la main légère,
tous les sens en éveil, Michel DELAERE, né en 1943, allie, à l'invention des
formes, une séduisante maîtrise d'artisan. Il travaille en ronde-bosse le
cèdre rouge du Canada ou des agglomérés de fibres ligneuses d'une nature très particulière dont il tire
des demi-volumes tout à fait étonnants, panneaux muraux d'une harmonieuse
abstraction où l'on découvre des formes d'une séduction parfois sournoise qui
sont bien évidemment inspirées des rondeurs de la chair féminine. On
conçoit aisément que l'on puisse réaliser de telles choses par la technique
du modelage où la matière ductile obéit aux pressions et aux caresses de la
main. Mais
on demeure confondu devant l'adresse du maître-ébéniste qui tire de son
matériau creusé, poncé, poli, peaufiné, une vie mystérieuse qui s'exprime en
galbes, en courbes, entailles d'une extrême douceur, en tendresses labiales,
en provocations et en retraits qui sont le propre de la chair et de ses
pulsations. Michel
DELAERE demeure abstrait malgré son recours à des éléments empruntés à la vie
et à la nature. Ceux-ci
peuvent avoir l'apparence d'une épaule, d'une hanche, d'un sein, de l'eau qui
coule, d'une pierre usée par le torrent. Il n'entraînent cependant pas
l'artiste vers une figuration déguisé. Issues d'une réalité concrète, ces
choses se retrouvent digérées, assimilées par l'abstraction à quoi elles
apportent quelque chose de délicat, de sensuel, de suprêmement fascinant.
L'usage d'un enduit laqué, noir, bleu, beige, rose, parfois rouge, avec des
nuances presque imperceptibles dont l'éclairage se fait complice, ajoute au
charme raffiné de ces arrondis voluptueux. Galerie ARGO, nokke-Zoute. |
|
Marc
RUYTERS
-KNACK WEEKEND-
avril
1993- EROTIEK IN HOUT De Waalse beeldhouwer MICHEL DELAERE (°1943) is
gefascineerd door hout en door vrouwen. Delaere, die ooit zelf in de
houtsektor werkte, begon heel laat aan
zijn kunstenaarsloopbaan, maar dat
belette hem niet om ongemeen gedreven werk te gaan maken: met een kombinatie
van zacht cederhout en keihard MDF(vezelplaat van een extreem hoge densiteit)
maakt hij sensuele, weelderige en zelfs zacht-pornografische skulpturen,
kontrastrijk geschilderd in satijnlak en glanslak, lijken half opengewerkte
sublimaties van de vrouwelijke intieme driehoek of van het vrouwenlijf. Het
cederhout is daarbij dienstig als de zachte,intieme materie, het MDF-hout
vormt de harde buitenkant die veel, maar niet alles voor de voyeuristische
blik wil verbergen. Kortom, elke skulptuur van Michel Delaere lijkt telkens
opnieuw een geestelijke liefdesdaad, gezien vanuit een strikt mannelijk
oogpunt. Art Gallery, Antwerpen. |
|
M.
Dz.
- LE ROUGE ET LE NOIRSi vous aimez la sculpture et que le nom de
Michel DELAERE n'est pas encore devenu pour vous une référence en la matière,
n'hésitez pas à faire un saut dès que possible à
|
|
Lucien RAMA -
ARTS ANTIQUES AUCTIONS - décembre
1993. Michel
DELAERE exprime la beauté du bois par une composition puissante et rythmée,
mobilisant des forces chromatiques dans l'espace, traduisant d'immenses
vagues issues de mers mortes et noires. Ce puissant sculpteur nous invite au
pays de la musique des formes. L'art de DELAERE dans sa troublante
simplicité, émeut parce qu'il possède des racines dans la vie de tous. Galerie P. Retelet, Charleroi. |
|
Stéphane REY L'écho de ... étranger aux contraintes de
la figure, Michel DELAERE participe lui aussi à cette exposition de belle
qualité. Il poursuit ses jeux magiques dans la chair même des bois rares dont
il révèle les muscles, les tendres vicaires, les pulsations secrètes, les
mouvements rétractiles. On ne se lasse pas de participer l'âme serrée, aux
rites secrets d'une magie où l'on passe sans cesse de la douleur redoutée à
la douceur attendue. Argo
gallery, Knokke Zoute |
|
Stéphane REY -L'écho de ...enfin, se détachant du lot
des exposants, on n'échappera pas à la séduction toujours plus pressante des
panneaux sculptés de l'étonnant Michel DELAERE qui sont de véritables défis
au métier de sculpteur. On ne cesse de s'émouvoir devant l'adresse de ce
tailleur de bois qui tire de son matériau poncé, poli, peaufiné, une vie qui
s'exprime en galbes, en tendresses quasi charnelles et fascinantes. Argo gallery, Knokke Zoute. |
|
Stéphane REY
- L'ECHO - mai 1994. TOUCHER
DU BOIS Nous n'avons pas caché depuis plusieurs
années l'intérêt que nous portions à Michel DELAERE. C'est un artiste qui a
choisi pour s'exprimer un itinéraire qui n'est pas commun. On peut même dire
qu'il est exceptionnel. Travailleur du bois, né dans le Hainaut en 1943, il a
atteint aujourd'hui sa pleine maturité. L'unanimité s'est faite sur sa
démarche et on le considère désormais comme un véritable magicien. Son
habileté, la douceur de son contact avec la matière ligneuse qu'il creuse,
ponce, poli, peaufine, est tout à fait surprenante. Dans le cèdre rouge du
Canada ou dans des agglomérés de fibres, il fait naître des reliefs qui, tout
en étant résolument abstraits, évoquent et ne cessent de nous suggérer des
courbes des rondeurs, des vallonnements qui se trouvent mystérieusement
accordés à la géographie du corps féminin. On n'échappe pas à la séduction
insidieuse de cette inspiration toujours fidèle à elle-même et toujours
renouvelée. On comprend que l'on puisse réaliser de telles choses par la
technique du modelage où la matière ductile obéit aux pressions et aux
caresses de la main. Mais on demeure sidéré devant l'adresse jamais en défaut
du tailleur et ponceur de bois qui s'alanguit ou se tord en galbes, en creux
d'une extrême douceur, en tendresse charnelles, que l'on est déçu de ne pas
découvrir sensibles et rétractiles lorsqu'on y porte, prudemment, le doigt. Ces fragments empruntés au monde
de l'humain, qui font songer à une épaule, au creux de l'aine, à la rondeur d'un
sein, n'ont de rapport avec la figuration qu'au travers de notre imagination
et de notre sensibilité. Issues d'une réalité concrète, ces choses se
retrouvent digérées, assimilées par l'abstraction à quoi elles apportent
quelque chose de suprêmement fascinant. Les oeuvres de Michel DELAERE
sont minutieusement enduites d'une laque mate noire, grise, beige, rose,
parfois rouge aux nuances délicates et à peine perceptibles dont la lumière
se fait complice. Un tel art pose pas mal de questions et occupe étrangement
la pensée. Galerie ARGO, Knokke-Zoute. |
|
Auteur: ?
- JOURNAL ET INDEPENDANCE - février
1995. LES SCULPTURES MURALES DE
DELAERE. DELAERE est un ciseleur du bois, un assembleur
d'organes ligneux, un compositeur de géographies allusives au corps ou à la
nature. Il taille, lime, scie, poli et agence des sections d'essence diverses
dont certaines constitueront le corps de ses oeuvres; larges parties
ondulantes qui évoquent une campagne aux collines paisibles ou la surface
d'un océan qui respire au repos, ou encore les ailes vastes d'un oiseau qui
plane et dont le corps paraît petit, enchâssé dans ces plans porteurs. DELAERE est un voluptueux d'une certaine
préciosité -préciosité des matières et préciosité de formes, de courbes, de
combinaisons, autant que de nuances que de modulations. Les oeuvres animent
des murs plans de reliefs chargés d'une vitalité sans violence à la nature et
d'une double vision: celle extérieure, de grande surfaces sereines et celles
plus intimes, d'organes qui palpitent doucement et qui se prêtent avec une
grande discrétion à la découverte empreinte d'émerveillement et de surprises
silencieuses. Galerie
J. Bastien , Bruxelles. |
|
Anita NARDON - SAISON - février 1995 FEVRIER EN GALERIE
J. Bastien (rue de Galerie Bastien, Bruxelles. |
|
Stéphane REY
-L'ECHO - février 1995. UN
MAITRE INEGALE DU TRAVAIL DU BOIS Il y a plus de dix ans, nous
rencontrions pour la première fois Michel
DELAERE que se disputent aujourd'hui les galeries les plus huppées. Il
exposait à Knokke dans une salle courageuse
aujourd'hui disparue et n'avait pas encore humé l'encens de la critique. Sa
première apparition à Bruxelles se fit en octobre 86 à la galerie Montjoie et
depuis lors, on l'a pris au sérieux. Né à Buvrinnes
(Hainaut) en 1943, menuisier à ses débuts, ébéniste par vocation, il habite
et travaille à Fontaine-Valmont. Très habile de la main, il invente des
formes au départ de cèdre rouge du Canada, pratiquant la ronde-bosse et
créant des tableaux sculpture d'une aimable abstraction où l'imagination a
tout loisir de faire des rapprochements avec la réalité. GALBES ET ENTAILLES
Michel DELAERE donc caresse le
bois, l'apprivoise, l'apaise, pour tout à coup l'entailler, lui creuser le
flanc, prenant ensuite plaisir à poncer la blessure, à en arrondit les
contours, à donner à, cette effraction de la
belle surface l'apparence d'une rondeur féminine, d'un fruit plein et
doux, mais aussi parfois d'une plaie suturée où l'on croit encore voir les
fils noués par le chirurgien. L'artiste ne se contente pas de
peaufiner les belles surfaces de cèdre d'outre-Atlantique ou des agglomérés,
matériau tendre mais stable qui ne se déforme pas. Il le patine souvent en
noir et cette fausse ébène à beaucoup plus d'allure -à notre sens- que les
panneaux laqués d'un grand choix de couleur, dont la brillance évoque parfois
le métal poli de la carrosserie automobile. Il fait naître des reliefs qui,
tout en étant résolument abstraits, évoquent et ne cessent de suggérer les
courbes, les rondeurs, les vallonnements qui se trouvent mystérieusement
accordés à la géographie du corps humains. On n'échappe pas à la séduction
insidieuse de cette inspiration toujours fidèle à elle-même et toujours
renouvelée. On comprend que l'on puisse réaliser de telles choses par la
technique du modelage où la matière ductile obéit aux pressions et aux
caresses de la main. Mais on demeure sidéré devant l'adresse jamais en défaut
du tailleur et du ponceur de bois qui fait naître de celui-ci une vie souple
qui s'alanguit et se tord en galbe, en creux d'une extrême douceur, en
tendresses charnelles, que l'on est déçu de ne pas découvrir sensibles et
rétractiles lorsqu'on y porte prudemment le doigt. Ces fragments empruntés au monde
le l'humain, qui font songer à une épaule, au creux de l'aine, à la rondeur
d'un sein, n'ont de rapport avec la figuration qu'au travers de notre
imagination et notre sensibilité. Issues d'une réalité concrète, ces choses
se retrouvent digérées, absorbées assimilées par l'abstraction à quoi elles
apportent quelque chose de suprêmement fascinant. Un tel art pose pas mal de
questions et occupe étrangement la pensée. Pour la petite histoire, disons
que ces oeuvres ont toutes leur secret. En cherchant bien, côté tranche, on
pourrait découvrir la trace d'une petite obturation de la grandeur
approximative d'une pièce d'un franc. Celle-ci abrite un message scellé dans
l'épaisseur du bois et dont nous ne saurons jamais ce qu'il contient. C'est
une sorte de déclaration de l'artiste vis-à-vis de lui-même, dans le genre:
"Vous qui pénétrez mon esprit, ne prenez pas garde au désordre" ou
"A l'écoute des autres, nous repoussons les ténèbres" ou encore
"aux frissons d'un souffle" ou "marqué à jamais". Parfois
même, mais ceci est un secret, un panneau coulissant découvre une cachette de
feutrine noire, alvéoles pour bijou-souvenir privilégié. Michel DELAERE n'est pas sans
problèmes ni arrière-pensées. Son adresse et son imagination ont réussi à
donner au bois l'apparence d'une feuille de plomb sur elle-même repliée, ou
d'une cicatrice d'éventration ancienne, ou d'une déchirure, ou d'une coulée
de miel grasse et douce, ou encore de la viscosité d'une huile épaisse
hésitant au bord de la chute. On laissera à chacun le soin et la joie
d'interpréter ces courbes, ces entailles et ces déchirures. De quoi rêver
longtemps. A la galerie Bastien jusqu'au 19
mars, Bruxelles. |
|
JP.
SENTRON
-Le Journal du
Collectionneur- N° 49- mars 1995 L'exposition des oeuvres de
Michel DELAERE à la galerie BASTIEN à Bruxelles représente un événement qui
ne passera certainement pas inaperçu et qui marquera à coup sûr cette saison.
La personnalité de cet artiste étant assez exceptionnelle en son oeuvre,
tranchant par son originalité de telle manière qu'elle ne peut être comparée à
quoi que ce soit d'existant ou à quelque courant que ce soit. L'impression recueillie par WIM
TOEBOSCH (AICA) et l'attention qu'il en a donnée mérite notre attention: L'image que nous nous faisons
généralement d'un sculpteur est, s'il travail un matériaux dur -le bois, la
pierre, le marbre- celle d'un homme qui manie la gouge, les ciseaux et le
marteau avec la même vigueur, même si celle-ci n'exclut nullement un respect
amoureux des matières; ou, s'il emploie la terre glaise, l'argile, la cire ou
quelque autre substance malléable, celle d'un modeleur de volume, d'un
bâtisseur d'images qu'il coule par après dans le bronze ou martèle en plaque
de métal. DELAERE n'applique aucune de ces
deux méthodes et pour définir sa démarche, il faut faire appel à d'autres termes.
DELAERE est un ciseleur du bois, un chirurgien disséqueur de sa substance
favorite, un assembleur d'organes ligneux, un compositeur de géographie
allusives au corps ou à la nature. Avec une patience et une sensibilité
d'entomologiste ou de miniaturise, il détaille les parties d'un ensemble dont
il porte déjà le structure dans sa tête et dans ses doigts. Il scie, lime,
polit et agence des sections d'essences diverses dont certaines constitueront
le corps de ses oeuvres: larges parties ondulantes qui évoquent une campagne
en collines paisibles ou la surface d'un océan qui respire au repos; ou
encore les ailes vastes d'un oiseau qui plane et dont le corps parait petit,
enchâssé entre ces plans porteurs. Cette plaine ou ce plateau ainsi
rythmé est coupé par une médiane, par une entaille, vallée étroite et
encaissée, faille géologique qui met à nu strates et filons, creusement qui
est à la fois rupture et lien, pénétration qui recèle d'insoupçonnées
richesse. Car le regard est irrésistiblement attiré par ces profondeurs, par
des renflements, ou des creux qu'il veut explorer ou caresser, par des
ourlets minces et sinueux ou des renfoncements ombreux et mystérieux. Comme à plaisir, DELAERE se joue
de notre imagination: ces brisures qu'il traite avec une méticulosité de
joaillier, doivent-elles évoquer les profondeurs cachées de quelque partie du
corps humain (il serait alors anatomiste-sculpteur) ou ces chemins profonds
creusés par la pluie entre deux champs qui laissent apparaître, en leurs
bords, les racines-entrailles des plantes et les composantes de la terre (ce
qui ferait de lui un chercheur d'or ou un archéologue)? En fait, il se moque bien de
interprétation que nous pouvons donner de ses oeuvres. Il exprime tout
simplement son amour pour le cèdre, ce bois odorant aux fibres très dessinées
qu'il peut torsader ou entremêler en verticales et horizontales. Il joue
aussi avec les couleurs, abandonnant pour le moment ses laques rouges
autoritaires, pour préférer des bleus tendres, des gris chauds, des plages soyeuses
de noirs clairs... Il crée à plaisir des petites cavernes d'ombres, des
fissures obscures qui vous forcent à regarder ses sculptures de biais, à vous
pencher pour mieux orienter vos regards, à réprimer une envie d'y enfoncer un
doigt, DELAERE est un voluptueux d'une certaine préciosité -préciosité de
matières et préciosité de formes, de courbes, de combinaisons, autant de
nuances que de modulation. Ses oeuvres animent des murs
plans, par des reliefs chargés d'une vitalité empruntée sans violence à la
nature, et d'une double respiration: celle extérieure, par de grandes
surfaces sereines et celle, plus intime, d'organes qui palpitent doucement et
qui se pénètrent avec une grande discrétion, à une découverte empreinte de
surprise silencieuse et d'émerveillement. Galerie J.
Bastien, Bruxelles. |
|
Wim
TOEBOSCH AICA
- Galerie J BASTIEN -
février 1995 LES
SCULPTURES DE MICHEL DELAERE DELAERE est un ciseleur du bois,
un chirurgien-disséqueur de sa substance favorite, un assembleur d'organes
ligneux, un compositeur de géographies allusives au corps ou à la nature.
Avec une patience et une sensibilité d'entomologiste ou de miniaturiste, il
détaille des parties d'un ensemble dont il porte déjà la structure dans sa
tête et dans ses doigts. Il scie, lime, polit et agence des sections
d'essences diverses dont certaines constitueront le corps de ses oeuvres:
larges parties ondulantes qui évoquent une campagne en collines paisibles la
surface d'un océan qui respire le repos; ou encore les ailes vastes d'un
oiseau qui plane et dont le corps paraît petit, enchâssé entre ces plans
porteurs. DELAERE est un voluptueux d'une certaine préciosité - préciosité de
matières et préciosité de formes, de courbes, de combinaisons, autant de
nuances que de modulation. Ses oeuvres animent des murs plans de reliefs
chargés d'une vitalité empruntée sans violence à la nature, et d'une double
respiration: celle, extérieure, de grandes surfaces sereines et celle, plus
secrète, plus intime, d'organes qui palpitent doucement et qui se prêtent,
avec une grande discrétion, à une découverte empreinte d'émerveillement et de
surprise silencieuse. Galerie J. Bastein à
Bruxelles, |
|
Anita NARDON - IDEART
NEWS - (PARIS)
février
1995 ARTS PLASTIQUES EN BELGIQUE Michel DELAERE est l'hôte de la galerie Bastien à
Bruxelles. Il travaille à la gouge selon la méthode classique, pour des
oeuvres résolument actuelles. Les scansions verticales de ses panneaux
laqués, mat ou veloutés, souvent nocturnes, s'ouvrent sur des rivières ou des
chairs, parfois de couleurs vives. Le mariage des bois ajoutent à la
vibration de ces oeuvres palpitantes. On rencontre à présent une tentative de
scansion horizontale et d'inclusion de béton teinté. Dans les sculptures
murales de l'artiste, la sensibilité voisine avec la poésie en un savoureux
mélange raffiné et voluptueux. Galerie J. Bastien à Bruxelles |
|
Anita NARDON
- BRUXELLOISE INTERNATIONAL
- juin - septembre 1995 KNOKKE. La côte est le rendez-vous d'été et Knokke tout spécialement. La galerie Argo
présente des petits formats jusque mi-août. Ce sera ensuite un festival de
sculpture avec entre autres, Tom Frantzen, un des
rares sculpteurs fantastiques et Michel DELAERE. Ce dernier utilise la faille
des panneaux pour y introduire des reliefs travaillés à la gouge qui suggèrent
le paysage et le rêve. Next to him and completely different is Michel
DELAERE. Panelsand partition are the main line, patient hollow chiselwork is
the base. Panels open vertically or horizontally, he then introduce different
woords in the break. The result is a land-city-seascape or any other dream
situation. Curved lines and polished materials generate a peculiar light to a
very style. Galerie Argo à Knokke |
|
Lucien RAMA
- ARTS ANTIQUES AUCTIONS - septembre 1995. "AU-DELA D'UNE
APPARENCE"
Le plus important aux yeux de Michel DELAERE,
artiste du Hainaut, c'est de plonger toujours au plus profond d'une nostalgie
recomposée où se mêlent présences charnelles et minérales. Sculpteur et
assembleur de reliefs subtils, il nous propose un grand voyage dans la
mémoire du bois, mobilisant de larges forces chromatiques. Pour façonner ses
bas-reliefs, L'artiste a choisi de vivre et de travailler dans le petit
village de Fontaine-Valmont. C'est là qu'il travaille le cèdre, un bois
résineux et tendre d'Amérique du nord, ou encore le MDF qu'il associe au
béton ou à l'acier. Sensible à la courbe, c'est là qu'il met à jour de
remarquables cicatrices où la virtuosité technique voisine toujours avec une
certaine poésie des formes. "C'est le polissage des bois qui donne
naissance à des éclairages savants" aime-t-il a répéter! Mais derrière
les plis délicats qui se gonflent et se creusent laissant apparaître de
remarquables ondulations, presque coulées, il y a l'association de deux
techniques: le modelage et la taille, mais aussi du talent à revendre. Quelle
est la genèse de l'oeuvre? D'abord l'artiste
modifie la masse du panneau par l'encollage d'éléments découpés, ensuite il
met en forme par l'utilisation de gouges et de ciseaux, le passage au papier
verré et parfois de la tronçonneuse faisant le reste. Et puis la matière parle! Un souffle étrange
intervient dans ce processus de création ce les galbes de bois se font chair.
Alliant a l'invention des formes, ce travail de haut vol, prend le parti de
laisser des plages de couleur s'intensifier jusqu'à l'extrême limite.
L'artiste cherche alors la réaction, l'expression suggérant d'immenses vagues
issues de mes mortes et noires. Souvent, le sculpteur invite l'oeil
à imaginer par delà les apparences et le visiteur peut s'y aventurer,
l'imagination aussi! Mais il s'agit bien avant tout, par delà les apparences
de révéler inconsciemment les parcours de la lumière, une lumière qui devra
s'intensifier jusqu'à l'extrême. N'est-ce pas là l'essentiel? Galerie
Lierhmann, Liège. |
|
Hugo
BRUTIN -ARTS ANTIQUES AUCTIONS- avril 1996 n° 270 De gelakte sculpturen in diverse kleuren van
Michel Delaere worden veelal om niet te zeggen steeds gekenmerkt door een
zich openvouwen van de tengere en warme vlakte die hij heeft gecreëerd. De
lippen van de blessure, de bladen -het zijn geen bladeren- van de bloem
golven sierlijk en verbergen evenzeer als zij onthullen en suggereren. Het
esthetische beleeft hier een kleine revanche; de suggestie inspireert. Er leeft een onzegbaar rythme. Galerie Harmagedon, Kortrijk-Bellegembos. En contemplant les sculptures
laquées en diverses couleurs de Michel DELAERE on voit s'ouvrir la plaine
frêle et chaleureuse qu'il crée. Les lèvres de la blessure, les pétales de la
fleur ondulent gracieusement et dissimulent autant qu'elles révèlent et
suggèrent. Ici l'esthétique vit sa petite
revanche, la suggestion inspire. Un rythme indicible y règne. |
|
Chris VAN GELUWE Galerie
HARMAGEDON avril 1996 Michel DELAERE est un "Einzelgänger"
dans le monde artistique. Il suit sa propre voie. Ses sculptures murales sont d'une beauté plastique
consciente. Il accorde sa préférence au bois de cèdre. Dans un champs d'équilibre et de tensions, il se
fraie un chemin et crée dans une forme géométrique des figures à trois
dimensions. L'aluminium et le béton sont approchés de le même façon. Par le contraste entre la laque brillante et la
laque mate, s'illumine des couleurs magnifiques qui glissent vers le coeur de la sculpture: des ondulations sensuelles, un
fruit mûr - peau de pêche - une invitation que franchit le seuil du
perceptible. Le bois devient expression veloutée, sensualité transcendante.
Même si l'on qualifie l'oeuvre de Miche DELAERE
d'abstrait géométrique, elle nous incite à rêver. Si l'on ne tient pas compte des dimensions de son
oeuvre, on pourrait la comparer au travail raffiné de l'orfèvre créant un
bijou exceptionnel; car Michel DELAERE procède avec prudence, précision et
tendresse. Comme un vrai magicien, ne se laissant pas
influencer, il déploie son propre style. Le polissage parfait du bois, la pureté des
courbes, les structures dans lesquelles la lumière et l'ombre jouent un jeu
mystérieux nous révèlent l'entente extrêmement délicate de l'artiste avec la
matière. Il nous dévoile ses émotions les plus profondes, un témoignage de
l'esprit, la nature en mutation. Chaque oeuvre est une ode à la féminité
éternelle. C'est en poète qu'il donne à chaque oeuvre un
titre qui lui semble évident. Il allège son âme par son art et sa poésie. On ne peut qu'admirer la maîtrise exceptionnelle
de l'artiste, qui joue avec les difficultés techniques du métier. Dans un entourage sans faille, il suggère d'une
manière subtile l'intégration de la monumentalité; ainsi, le panneau qui
peut-être lac, déborde et devient océan. Espace et immensité. Le critique d'art Wim TOEBOSCH, fort intéressé par
l'oeuvre de Michel DELAERE écrit: "Ses
panneaux sont comme des vallées creusées par l'eau coulant lentement. C'est
comme si le mouvement de la terre et des vents dévoilent une écriture
mystérieuse. Gonflements ou creusements, plis et rides brisent la raideur
sereine de la surface et semblent mettre les fibres en mouvement. Souvent,
ils nous font penser à ces ondulations dans un paysage vallonné , et parfois
on pourrait même reconnaître une ligne d'horizon ou la trace d'un coup de
fouet dans le sable. Mais le plus souvent, l'allusion aux rondeurs et aux
plis de la géographie du corps féminin s'impose". Pour Michel DELAERE, les matériaux - et avant tout
le bois - sont des éléments organiques: chacun d'eux a sa spécificité propre
et sa touche personnalisée. Mais en toute complicité, ils se laissent
manipuler et moduler pour notre plus grand plaisir et défient notre pouvoir
d'interprétation.
--------------------------------------------------------------------------------- "MICHEL DELAERE TUSSEN TEDERE PASSIE EN VERRUKKING" MICHEL
DELAERE (1943) is een "Einzelgänger" in de kunst. De houten
wandreliëfs die hij schept zijn van een bewuste plastische schoonheid.
Zeldzame houtsoorten, zoals ceder bv., genieten zijn voorkeur. In een veld
van evenwicht en spanning baant hij zich een weg en creëert driedimensionele
figuren in geometrische vormen. Aluminium en beton benadert hij op dezelfde
wijze. Uit het
contrast van mat- en glanslak lichten schitterende tinten op die uitdeinen in
het hart van de sculptuur: wellustige golvingen en plooien, een rijpe vrucht-
perzikhuid- een uitnodiging die de grens van het waarneembare overschrijdt.
Het hout wordt fluwelen expressiviteit, transcendente zinnelijkheid. Al
bestempelt men DELAERE's kunst als " geometisch abstrakt" toch zet
ze ons tot dromen aan. Waren het
niet de afmetingen van zijn oeuvre, men zou het kunnen vergelijken met het
verfijnd werk van een edelsmid bij de creatie van een uitzonderlijk juweel.
Want DELAERE gaat voorzichtig, precies en teder te werk bij het scheppen van
ieder kunstwerk. Als een ware tovenaar, los van om het even welke bindind of
invloed, ontplooit hij zijn gepersonaliseerde stijl. De volmaakte polijsting
van het hout, de zuiverheid van de courbes, de structuren waarin licht en
schaduw een geheimzinnig spel spelen openbaren ons het uiterst gevoelige
gesprek van de kunstenaar met de materie. Zijn diepste gevoelens maakt hij
ons kenbaar. Een bewuste getuigenis van de geest. Een brok natuur in mutatie Ieder werk
is trouwens een ode aan het eeuwige vrouwelijke. Als poëet geeft hij elk werk
een titel die hem vanzelfsprekend lijkt. Zijn gemoed verlicht hij door
monumentale kunst en poëzie. Men kan
alleen bewondering opbrengen voor het uitzonderlijk meesterschap van een
kunstenaar die speelt met de technische moeilijkheden van het vak. In een
feilloze omgeving suggereert hij, op subtiele manier, de integratie, de
monumentaliteit: Het paneel (het meer) te laten overlopen om zo een oceaan te
scheppen. Ruimte en oneindigheid.... Kunstcriticus
Wim Toeboch, steeds door het oeuvre van DELAERE geïntresseerd, schrijft over
hem/ " Zijn
panelen zijn zoals valleien die ontstonden door de werkin van staag stromend
water of alsof de wenteling van de aarde en het blazen van de wind een
geheinzinnig schrift blootlegden. Zwellingen of uithollingen, plooien en
rimpels breken de serene strakheid van het vlak en schijnen de vezels in
beweging te zetten. Vaak doen ze aan de glooiingen van een heuvellandschap
denken en soms zou men zelfs een horizonlijn of de in zand vastgelegde
zweepslag van een windruk kunnen herkennen. Maar meestal dringt de aanknoping
met- of de toespeling op- de rondingen en de vouwen die waar te nemen zijn in
de geografie van het menselijk lichaam, zich op." Materialen-
en vooral zacht-gereind hout- zijn voor MICHEL DELAERE organische elementen:
Ieder van hen heeft een eigen specificiteit en een persoonlijk
betastingsvermogen. Maar bereidwillig en medeplichtig laten ze zich door de
kunstenaar kneden en boetseren, waardoor ze ons zintuiglijk genot verhevigen
en ons interpretatievermogen uitdagen. Galerie Harmagedon,
Kortrijk-Bellegembos. |
|
Hugo Brutin -ART ANTIQUES AUCTIONS 271- mei 1996 De
wandsculpturen van Delaere zijn een zwart gelakt lichaam van hout of
aluminium, een heerlijke vlakte waarin een plooi is ontstaan, een bedding,
een langgerekte opening waarin lippen van cederhout verschijnen, glooiïngen
groeien, een suggestive sfeer op de voorgrond treedt. Het werk van de
kunstenaar, hout, aluminium, beton, heeft een esthetische en tevens ietwat
mysterieuze allure. De inkeping
of het uitpuilen van een sensuele beweging creëert meteen een andere dimensie
die stellig niet steeds op dezelfde manier door de kijker wordt
geïnterpreteerd. Soms domineert het verfijnde , het aristocratische van het
gebruikte materiaal zodat alleen een esthetische ontroering onstaat; een
andere keer kan men het sensuele van de revelatie, van het zich ontvouwen van
een aantrekkelijke geheimenis niet ontlopen. Delaere heeft eigenlijk binnen
een aantal reminiscenties of verwijzingen een nieuwe vormtaal ontworpen die
beheerst is en toch overrompelt. Galerie
Harmagedon, Kortrijk-Bellegembos Les sculptures murales de Michel DELAERE
consistent en un corps de bois ou d'aluminium laqué en noir, une plaine
exquise où se forme un pli, un lit, une ouverture prolongée dans laquelle on
aperçoit des lèvres en bois de cèdre, des fentes apparaissent et une ambiance
suggestive s'impose. L'oeuvre de l'artiste -
le bois, l'aluminium, le béton - a une allure esthétique ainsi que quelque
peu mystérieuse; L'entaille ou le gonflement sensuel crée immédiatement une
autre dimension qui n'est certes pas toujours interprétée de ma même façon
par le spectateur. De temps à autre domine le raffinement, l'aristocratique
de la matière utilisé de telle sorte que seul une émotion esthétique jaillit;
une autrefois on ne peut échapper à la sensualité de la révélation, à la
découverte d'un mystère séduisant. En effet, DELAERE a créé un nouveau
langage qui est maîtrisé et qui pourtant surprend. |
|
Michel BOUFFIOUX TELE MOUSTIQUE : "Visite à domicile" 24 août 1996 Philippe MAYSTADT Vice Premier Ministre, Ministre des finances Ministre du commerce
extérieur. " Mon objet
préféré? Cette sculpture" " Elle est de
DELAERE, un artiste wallon. Cela n’est pas figuratif...J'aime bien, c'est
tout. Bien sûr, on peut y trouver une signification profonde. Cela peut
représenter la maternité. DELAERE fait toujours des oeuvres un peu troublées.
Cela veut peut-être dire aussi qu'on peut avoir une apparence très calme,
mais tout à coup peut surgir la faille. On est tous un peu comme cela". |
|
Stéphane
REY "L'ECHO" 31 octobre 1996 Michel DELAERE: "LE BOIS SE FAIT
CHAIR" On connaît depuis plusieurs années l'art très
particulier de Michel DELAERE, qui semble tenir à la fois de la peinture, de
la sculpture et de la chirurgie. Devenu magicien de sa matière, il travaille
le bois de cèdre avec une adresse et une sensibilité qui défient toute
qualification. Il voit, sent, devine dans la matière ligneuse une série d'itinéraires
dont il emprunte les détours, les méandres, les réactions tactiles, les
abandons et les refus. Tendre et persévérant, il déploie ses séductions,
multiplie ses invitations à une soumission confiante à ses jeux, à ses
caprices, se risque à de nouvelles fantaisies, toujours plus assuré de son
pouvoir de mener à bien des cheminements dont il sort convaincu de sa
toute-puissance. On n'en finirait pas de chercher des formules
nouvelles pour faire le commentaire de cet art qui s'enrichit sans cesse de
trouvailles dans la manière d'approcher le bois, de l'apprivoiser, de
l'apaiser, avant d'y mordre, puis d'en polir la blessure, de la parer d'un
enduit laqué noir, bleu, parfois gris ou rouge, avec des nuances presque
imperceptibles dont la lumière se fait complice et qui, à leur manière,
participent à l'investissement de l'oeuvre. On n'échappe pas à la séduction insidieuse d'une
inspiration toujours fidèle à elle-même et toujours renouvelée, où naît du
bois une vie souple qui s'alanguit ou se tord en galbes ou en creux d'une
extrême douceur, en tendresses charnelles que l'on est déçu de ne pas
découvrir sensibles et rétractiles lorsqu'on y pose prudemment le doigt. Michel DELAERE est un maître surprenant que l'on
imite pas (et pour cause!) et dont l'oeuvre trouve
toujours de nouveaux admirateurs. Galerie ARGO à Knokke Zoute |
|
Hugo
BRUTIN
- ARTS
ANTIQUES AUCTIONS - november 1996 Recente
wandsculpturen van Michel DELAERE zullen in Knokke te zien zijn. Sculpturen
die ook een beetje schilderijen zijn in een verfijnde materie gegoten, met
wanden van eterische schoonheid waarin een plotse diepte als een bloem
ontluikt, als een grot van geheimenissen waar je als kijker wordt
binnengelokt, verbaasd en gelukkig terzelfdertijd, bevreemd om wat dat hart
van geërodeerd cerderhout in je wakker maakt. De sensualiteit van zijn
wandsculpturen ligt evenzeer in het gesuggereerde als in het geziene. Sommige
werken dragen letters in hun diepe diepte, stukjes electronische componenten,
wieltjes, een fragment van een menselijke aanwezigheid: andere zijn eindeloze
vlakten met een centraal gedeelte waar de ene sensibiliteit over de andere
glijdt zoals lippen die elkaar onthullen. In de geest van de kunstenaar leeft
ook de wens dat zijn werken een beeld zouden zijn van toenadering, van een
naar elkaar toeneigen, van twee krachten die tussen elkaar iets heel
gevoeligs herbergen. ARGO art
gallery te Knokke |
|
Lucien RAMA -ARTS-ANTIQUES-AUCTIONS, N° 279- mars 1997 A Le sculpteur Michel DELAERE est de retour. Il nous
propose ses ultimes recherches laissant sortir de lui les empreintes enfouies
dans le plus profond de son enfance. Fortement marqué par la grotte de Lascaux, lieu
sacré où l’homme a laissé la trace d’une transgression capitale, délaissant
le travail au bénéfice de la naissance de l’art, l’artiste affronte une
nouvelle étape de sa quête d’absolu. Ce qu’en écrivait Georges Bataille en 1955, l’a
aidé à franchir ce que jusqu’ici il s’était interdit : aujourd’hui, il
se laisse aller à insérer dans son travail des cavités, des cellules, qui
parfois sont simplement appliquées. Réalisées en cèdre érodé, elles
ressemblent à des grottes aux allures de cathédrales. Des lieux marqués par
le temps, mais à coup sûr, où la réflexion et le recueillement permettent de
prendre force pour restreindre notre ignorance. Toutes ces cavernes sont
occupées par des signes qui peuvent prendre l’allure de caractères
d’imprimerie, de composants électroniques, de petits engrenages ou de petites
figurations humaines. Tout ceci
symbolisant des moyens de communications et d’échange qui favorisent le
rapprochement entre les humains. Charleroi, Jusqu’au 2 avril.
|
|
FOULON Roger -LE RAPPEL- 14 mars 1997 A Michel DELAERE expose ses sculptures murales
depuis le 7 mars et jusqu’au 13 avril en la galerie Beciani.
Le sculpteur vit à Fontaine-Valmont. Il est né à Buvrinnes
le 12 octobre 1943. Travaillant d’abord la ronde bosse, il trouve vite savoie originale en réalisant des sculptures murales aux
galbes à la fois sensuels et mystérieux. Usant de techniques savantes, il
transforme les bois précieux en évocations stylistiques où l’ombre et la
lumière, voire des couleurs discrètes, attirent l’œil vers des excavations et
des failles qui dévoilent le secret des formes féminines ou évoquent les
courbes de paysages intérieurs. Michel DELAERE s’est parfois laissé séduire par la
taille du béton ou par le métal, dont il a contrôle la fusion. En ses
modulations habituelles, où, profitant de la fibre naturelle du bois et d’un
assemblage de lézardes ou d’ondes, il entre dans l’intimité des êtres et des
choses. Sculpteur précieux, son travail, qu’il a présenté déjà dans de
nombreuses expositions personnelles ou collectives, s’affirme comme une
traduction allusive et précise, proche des réalités et des rêves. |
|
CANON Jean-Marie - DELAERE AU CŒUR DE BOIS DELAERE trouve son style et son âme au cœur du
bois. Le bois, il le connaît jusque dans ses racines et
lorsque gamin, il parcourait les sentiers de Fontaine-Valmont, il lui
arrivait de s’y accrocher les pieds, mais il lui est aussi arrivé de regarder
comment les grandes personnes travaillaient. C’est ainsi que ce « Petit Prince » qui
se demandait comment on fait un dessin, a regardé travailler les bûcherons et
aussi les menuisiers, qu’il a vu comment un imprimeur composait un texte. De
ces souches de bois et de ces caractères d’imprimerie, il a voulu tirer une
œuvre, ou plus simplement matérialiser un rêve. Matière noble s’il en est, le bois est devenu pour
Michel DELAERE un support de message, et s’il matérialise souvent dans ses
sculptures une colonne vertébrale, c’est tout simplement parce qu’il est
ossature de vie et charpente de réflexion. Le bois de son enfance, il l’a observé et
travaillé, mais il n’était qu’un début de réflexion, et c’est avec le cèdre
que Michel DELAERE a trouvé qui pouvait suggérer plus qu’exprimer. Rachis en forme de point d’interrogation, qui
englobent des morceaux de technique nouvelle, ou quiétude sans
question ? On regarde les sculptures de DELAERE, et l’on
attend. Du 7 mars au 2 avril à Charleroi. |
|
1998-2000
et plus
Hugo Brutin -ART ANTIQUES AUCTIONS n° 295- oktober
1998 GALERIE ARGO ...Daarna loopt een tentoonstelling
van wandsulpturen van Michel DELAERE die toonbeelden zijn van een suggestief
raffinement zowel op vormelijk vlak als op dat van materiegebruik. Zijn
materialen zijn hooftzakkkelijk hout, zo lijkt het ons, diverse soorten
edelhout, bewerkt en gepolijst, een zachte tegel die zich plots opent en een
ander soort sensibiliteit, een andere tastbaarheid, een andere dons of
warmte, een ander soort hout of een combinatie van diverse soorten reveleert
in een opeenvolging van lippen en blessures. Galerie ARGO van 17oktober tot 23
november 1998,Knokke-Zoute. |
|
Stéphane REY -L’ECHO- 30 octobre 1998 Michel DELAERE : « DOUCEUR DES CREUX » On connaît, depuis
de nombreuses années, l’art très particulier de Michel Delaere,
né à Buvrinnes (Hainaut) en 1943. Il habite et
travaille à Fontaine-Valmont, et son art semble tenir à la fois de la
peinture, de la sculpture et de la chirurgie. Son matériau de prédilection
est le bois de cèdre rouge du Canada, mais aussi des agglomérés de très fines
fibres. Son contact avec la
matière ligneuse qu’il creuse, ponce, polit, peaufine, est d’une
extraordinaire habileté, et l’unanimité s’est faite sur sa démarche. C’est un
magicien et personne ne songera, et pour cause, à l’imiter. Il voit, sent,
devine, dans les panneaux-tableaux qu’il réalise, une série d’itinéraires,
dont il emprunte d’instinct les détours, les méandres, les réactions
tactiles, les abandons et les refus. Tendre et
persévérant, il déploie ses séductions et multiplie ses invitations à une
soumission confiante à ses jeux, à ses caprices, se risquant à de nouvelles
fantaisies, toujours assuré de son pouvoir de mener à bien des cheminements,
qui s’enrichissent sans cesse de trouvailles. On n’échappe pas à
la séduction insidieuse d’une inspiration toujours fidèle à elle-même et
toujours surprenante. Il fait naître du bois une vie souple, qui s’alanguit
ou se tord en galbes ou en creux d’une extrême douceur, en tendresses quasi
charnelles, que l’on est déçu de ne pas découvrir sensibles et rétractiles,
lorsqu’on y pose prudemment le doigt. Il a établi, pour la
première fois, un catalogue de ses oeuvres, qui révèle l’ambiguïté et la
réserve instinctive de son tempérament. Ainsi, ses titres : « de
ces mots lissés », « de cette douceur impénétrable »,
« d’une voix sans parole », « sous l’étreinte du temps »,
« à taire l’essentiel »....On peut pénétrer par la magie de ces
mots, dans le secret des élans qui font naître ces sonorités adoucies, ces
chuchotements complices, qui suscitent le choix de colorations, allant du
noir au velours, au bleu de nuit, au rose, au gris, au rouge de la plaie,
avec des nuances presque imperceptibles, dont la lumière se fait complice et
qui, à leur manière, participent à l’affirmation d’un rayonnement
inexplicable, qui ne teint pas seulement à l’adresse extraordinaire du
tailleur et du ponceur de bois, mais aussi à l’expression résolue d’une
sensibilité coloristique indéniable de l’artiste. Galerie ARGO, Knokke-Zoute, jusqu’au 23
novembre 1998. |
|
Hugo Brutin -ARTS ANTIQUES AUCTIONS n° 296 novembre 1998 GALERIE
ARGO .Michel DELAERE.stelt er een nieuwe
reeks wandsculpturen tentoon die naar sommigen beweren soberder zijn, meer
gedepouilleerd, meer op zoek gaande naar de essentie. Maar wat is essentie
wanneer gaat over sensualiteit en suggestieve kracht, over schoonheid die
iets geheimzinnigs in zich bergt, over vlakten van een edele houtsoort die in
een wellustige plooi een andere al even edele houtsoort ontvouwt, even laat
zien, discreet en langzaam onthult ? De wandsculpturen van Michel
Delaere zijn een en al esthetische emotie ; daarnaast zijn zij even
belangrijk en aangrijpend omwille van zijn suggereren, het warme van een
plooi, een vouw, een glooiing die men heel even meende te durven herkennen. Galerie ARGO van 17oktober tot 23 november 1998,Knokke-Zoute. |
|
Jo VERBRUGGHEN ARTIFEX, à Malmédy,
avril
1998 Introduction de
l’exposition de Michel DELAERE, « TELLE L’art ne supporte
pas la stagnation. Il rejette l’arrêt. Il abhorre l’immobilisme, fut-ce la
répétition de la beauté. Au gré de l’imaginaire volontiers débridé, la
création se poursuit en coulée continue ; telle l’eau tumultueuse d’un
torrent enserré entre les berges et qui dévale les pentes abruptes. Sans
qu’il paraisse se lasser, tout artiste recherche un aboutissement que rien ne
laisse présager. Cette fin inespérée perçue comme idéale ne sera jamais,
sinon rarement atteinte. L’art, pourtant, a besoin de cet émerveillement dont
dépend sa justification. Il s’agit bien d’une quête, d’une recherche éperdue
et peut-être foncièrement déraisonnable puisqu’il s’agit du besoin
incoercible de se dépasser. La fin recherchée est en effet bien plus
importante que les moyens d’y parvenir. Créer, c’est
rechercher la démesure ; c’est vaincre à tout prix. Un héros, fut-il
mythique, ne serait qu’un pauvre bougre, s’il n’avait vaincu le dragon. C’est
cette difficulté essentielle qui lui confère sa raison d’être au monde, de
vivre en sortant de l’anonymat. Un artiste qui promet n’est rien, aussi
longtemps qu’il ne s’est pas pleinement réalisé dans son œuvre. Tout évolue. Tout
change. Les métamorphoses se recouvrent, les avatars se confondent. Tout est
question d’images, de flot de reflets visualisés qui aident à voir et bien
plus encore, à suggérer. En art, rien ne peut s’expliquer. Une expérience ne
peut se transmettre. Rien ne se démontre ni ne s’affirme. Les portes
s’ouvrent toutes sur le rêve. Dans le meilleur des cas on partagera celui du
créateur, qui en artisan et en artiste à la fois, fait, agit, réalise. Il
s’agit d’un « hacédor » comme le
prétendait Jorge-Luis Borgès, celui qui fait et
dont on pourrait traduire cette notion par « un oeuvrier »,
un mot à inventer, à sortir du néant. Les oeuvres
réalisées se heurtent, se bousculent, créant des rapports. Ceux-ci seront
insolites, peu importe. L’art provoque des interférences, organise des
tentatives salutaires même si ces essais ne sont pas tous accomplis. La
perfection recherchée et rarement atteinte, n’engendrerait que l’ennui née
d’une répétition fastidieuse. Les expériences importent, ces recommencements
parfois inaboutis. Les essais titillent la curiosité et concentrent
l’attention. La question est d’ailleurs toujours bien plus importante que la
réponse. Ainsi seulement, en avançant de recommencement en déboires, le vrai
dialogue naît, le besoin de partager avec un autre une même chose
immatérielle. Mais peut-on partager un mirage ? L’artiste crée ab
nihilo. Il conçoit d’après des règles issues de ses propres cheminements.
Personne ne le guidera. Aucune ligne droite n’est perceptible. L’évolution
est heurtée. Chutes et réussites succèdent, créant d’emblée l’expérience,
maintenant l’acuité de la vie, menant à la sagesse dans le meilleur des cas.
L’artiste, peu conscient de cette route, avance. Il évolue, même s’il
tâtonne. L’étoile est là, guidant les pas du promeneur prompt à s’égarer. Ses
créations elles-mêmes seront d’ailleurs les seuls vrais et ultimes repères. Vu ainsi, l’art est
nécessairement magique. L’artiste est un chaman régissant son domaine. Sa
sensibilité le guide. Lorsqu’il crée, il étire l’instant et le prolonge. Il
défie les lois de l’équilibre, les rigueurs de la stabilité, les tentations
de l’impossible. Tous les cheminements mènent nécessairement vers cet
ailleurs qui nous habite, et qui s’accroche, enfoui dans nos âmes. Delaere est de ceux-là. L’oubli se terre
dans ses érosions, dans les séductions indicibles d’une matière dont la
noblesse se joue de la lumière. Le bois traité vaut bien plus que
l’hésitation furtive d’une caresse malhabile. Abandon et refus finiront par
se recouvrir et se compléter. Seule la difficulté, inhérente à la
connaissance de l’inanité de sa recherche de la perfectibilité, emporte et
donne à l’œuvre réalisée sa vraie valeur, sa réelle authenticité. Delaere crée. Artiste, poète et œuvrier
(non ouvrier), il sculpte le bois de cèdre et le traite à l’instar de la
nature. Elle aussi blesse, adoucit rompt et console. L’artiste s’insère dans
les cavités. Il se love dans les failles, créant l’érosion, sublimant les
ouvertures dont il parfait les grottes miniaturisées. A l’instar de la
nature, il fouille le solide, fendille le tronc ou la hache, crée des avens
et des avers pour y enfouir sa pensée, une phrase, un mot, un souffle de vie. Rien n’engendre la
révolte dans ce monde où tout respire la tranquillité. Les formes éblouies se
couvrent de nuit. Le noir sera à nouveau l’aboutissement suprême de l’ombre.
Le mystère s’accroche, puis se dévoile comme un drap qui recouvre un corps
aimé, ou un brouillard qui se lève découvrant une immensité empreinte de
sortilèges. Les crevasses s’ouvrent, béantes, douces, invitant à la caresse,
au chuchotement, au murmure inaudible. Donner à voir. Dévoiler. Pourquoi ne
pas suivre le renard qui demanda à être apprivoisé. L’imperceptible est
proche, mais si l’art, nécessairement, trompe ; comme le fait tout
artifice. Dans le cas présent, le bois s’est fait galbe. La blessure s’est
fait creux, lit, couche ; ou ce vallon tellement pareil à celui où
Arthur Rimbaud en poète laissa mourir le Dormeur du Val. Berçons-nous d’illusions
fortuites. Découvrons les herbes sous la cendre des forêts incendiées.
L’aventure est peut-être au bout d’un espace quelconque, ici même dit-on,
entre ces murs jaunes, cimaises destinées à montrer des oeuvres nouvelles.
Oui, l’aventure est en nous. En moi aussi qui invité hier matin à faire ce
soir cette introduction, ai découvert, il y a quelques instants, ces bornes
en bois d’un parcours o combien émouvant. L’art permet toutes les approches.
La mort en ces jardins éblouis rejoint les verts paradis de l’enfance.
Cachons-y nos amours sublimées. Salle Electrabel à Malmédy,
du 17 avril au 3 mai 1998. |
|
M. CONSERVA - Michel DELAERE fait « parler » le bois La galerie Alain
BECCIANI ouvre sa nouvelle saison avec les sculptures murales de Michel
DELAERE. Il est loin le temps
des bas reliefs féminins ciselés dans le bois, sa matière préférée. Au fil des ans,
Michel DELAERE a laissé parler son âme. Simplifiant, épurant la forme pour ne
laisser apparaître que l’essence du geste. La pluie érode la roche, la
rivière creuse la grotte...La nature prend corps, patiemment, au fil du
temps. De la masse ligneuse, Michel DELAERE extirpe la sensualité des
figures. Du cœur des panneaux de bois laqués au gris profond, surgit la forme
nue. Divinement pure, sensuelle, féminine. La communion des sens ! Au creux du panneau
« naît la vie » aux éléments « construits » laissant
apparaître cette indicible légèreté de l’âme. La grande espérance de
l’artiste dans l’humanité se lit dans ses oeuvres. « Seul on n’est
rien » dit-il. La magique union des
éléments taillés dans le cèdre provoque la stimulation des sens jusqu’au plus
profond de l’être. Cette abstraction
lyrique des formes et des sens est le reflet d’une âme noble et profonde. On ne peut que
vibrer devant des oeuvres telles « Aux liens de l’attente »,
« Les soirs où l’on oublie », « Par ces mots lissés ».... Le public
découvrira, avec enchantement, les sculptures récentes de Michel DELAERE
jusqu’au 6 octobre 1999. Charleroi, galerie A
Becciani |
|
Roger FOULON - LEERS - ET- FOSTEAU Michel DELAERE expose au Château
Michel DELAERE, né à Buvrinnes le 12 octobre
1943 s’est fixé depuis très longtemps à Fontaine-Valmont où il a installé son
atelier de sculpture. Travaillant d’abord la ronde
bosse, il a vite trouvé sa voie originale en réalisant des sculptures murales
aux galbes à la fois sensuels et mystérieux. Usant de techniques savantes, il
transforme les bois précieux en évocations stylistiques où l’ombre et la
lumière, voire des couleurs discrètes, attirent l’œil vers des excavations et
des failles qui dévoilent le secret des formes féminines, ou évoquent les
courbes de paysages intérieurs. Michel DELAERE s’est parfois laissé séduire
par la taille du béton et par le métal en fusion. En ses modulations
habituelles ou, profitant de la fibre naturelle du bois et d’un assemblage de
lézardes et d’ondes, il entre dans l’intimité des êtres et des choses. Sculpteur précieux, son travail
s’affirme comme une traduction allusive et précise, proche des réalité et des
rêves. Au Fosteau A l’initiative de M et Mme. Van Hoonacker, les animateurs du château du Fosteau, une imposante exposition des oeuvres de Michel
DELAERE se tient en ce moment, et jusqu’au 11 septembre dans les jardins et
les salles du Foresteil. On est accueilli dans la cour
par de grandes sculptures abstraites en acier qui profitent pleinement de la
lumière pour préciser leurs graphismes. Chaque salle du château permet
ensuite de découvrir une centaine d’œuvres du sculpteur. La salle de l’étage
du donjon met remarquablement en valeur des oeuvres de grandes dimensions. Dans une des tours, des
sculptures en papier proposent une nouvelle facette de l’artiste. Il s’agit
d’épaisseurs de papier taillés et assemblés avec un rare souci d’esthétique
savant. Une technique que Michel DELAERE se propose d’ailleurs de développer. Des bijoux complètent cette
exposition qui a été inaugurée en présence d’un très nombreux public. M. Christian Renard, échevin de |
|
Pierre DEJARDIN -VERS L’AVENIR / LE RAPPEL- mardi 9 MAI 2000
|
|
Daniel WAUTHIER - LEERS - ET- FOSTEAU : Michel DELAERE : douceur et tendresse. Au château du Fosteau, la sensualité des couleurs a donné rendez-vous à
la douceur des formes. Fini le temps des sculptures de marbres, froides,
dures, qui s’adressaient seulement au regard. Place aux sens : envie de
toucher, caresser des yeux et des mains ce bois sculpté, taillé, lissé...Panneaux
de bois laqué, gris profond, bleu nuit, dévoilant la beauté du bois précieux,
travaillé, poli par les mains de l’artiste. Panneaux de rouge sang qui
accrochent le regard, attirent la lumière. Formes secrètes surgissant de la
matière, volupté des sens éveillé par les courbes. La découverte de cette union
magique de l’artiste et de la matière ne peut laisser indifférent. Ecoutez le
bois « parler », laissez le mystère vous envahir. Michel DELAERE est l’artiste qui a donné naissance à ces créations. Il
est né à Buvrinnes, le 12 octobre 1943. Vous
découvrirez ses sculptures au château du Fosteau
jusqu’au 11 septembre 2000. |
|
Lucien RAMA -ARTS ANTIQUES AUCTIONS N° 313- Juillet / août 2000. GALERIE DU CHATEAU DU FOSTEAU Les sculptures de Michel DELAERE
allient la gravité à la fragilité. Dans le remarquable Château du Fosteau situé non loin de Fontaine-Valmont, chaque œuvre
peut se lire comme une séquence ou un moment capté, s’inscrivant dans la
continuité temporelle et thématique. La notion de passage, associée à
celle du temps, est développée en parallèle à travers une série de
compositions en aluminium laquées au four. Nous trouverons aux cotés d’oeuvres intimistes, des compositions plus monumentales
dignes d’intérêts. Si son matériau de prédilection
reste le bois de cèdre, mais aussi des panneaux de très fines fibres, il a
trouvé dans l’acier Corten une série d’itinéraires,
dont il emprunte d’instinct les détours, les méandres, les réactions
tactiles, les abandons et les refus. Tendre et persévérant, il déploie ses
séductions et multiplie ses invitations à une soumission confiante à ses
yeux, à ses caprices, se risquant à des nouvelles fantaisies, toujours assuré
de son pouvoir de mener à bien des cheminements, qui s’enrichissent sans
cesse de trouvailles. Jusqu’au 20 septembre 2000 à
Leers - et - Fosteau. |
|
Stéphane REY
-L’ECHO- 18 août 2000.
Michel Delaere, sculptures au château… DE Depuis des années, on a pu
apprendre à connaître et à savourer l’art très étrange et très particulier de
Michel Delaere. On a pris goût à son art, qui tient
à la fois de la sculpture, de la peinture et de la chirurgie esthétique. Il travaille
et habite à Fontaine-Valmont, et on a suivi, avec un intérêt fidèle, son
travail de prédilection, qui usait du cèdre rouge, mais aussi de panneaux de
fibres précieuses, qu’il creuse, fouille, ponce, polit, peaufine, est d’une
habileté extrême, et l’unanimité s’est faite sur sa démarche. Nous l’avons considéré, et le considérons toujours, comme
un magicien, que personne ne songera, et pour cause, à imiter. Il voit, sent
et devine dans ses panneaux-tableaux , une série d’itinéraires, dont il
emprunte d’instinct les détours, les méandres, les réactions tactiles parfois
inattendues, comme les abandons et les refus. Depuis des années, grâce à une
inspiration toujours fidèle à elle-même et toujours surprenante de nouvelles
trouvailles, il nous a fascinés par son adresse toujours plus diabolique,
nous a suggéré la douceur quasi charnelle de la chose inerte qui s’est fait
chair. Il a accentué son impact mystérieux par le recours à la couleur, du
noir velouté au bleu nuit au gris, n’hésitant pas à mêler à ses émotions les
pulsions d’un rouge passionné ! Et voilà qu’aujourd’hui, par la grâce des souvenirs renoués, Michel Delaere a trouvé où présenter des œuvres, tantôt récentes, tantôt déjà très anciennes, au beau château du Fosteau, à Leers-et-Fosteau, voisin de résidence et témoin de son enfance, dans cette superbe forteresse du XIVè siècle qu’il connaissait déjà enfant pour y avoir toujours été gentiment accueilli. Y sont enfin exposées de grandes sculptures de plus de deux mètres, qui sommeillaient chez lui depuis longtemps, mais aussi, des bijoux en argent, des tas de richesses de l’imagination, nées du dialogue de matériaux inattendus, toujours riches de leur apport de douceur, de sérénité, de leur communication humaine. Dans le parc, sont installées les hautes sculptures en acier Corten, dont l’oxydation habille la nudité d’une patine rousse. L’arrière-pensée de telles œuvres est une occupation de « rond-points ». Une bonne trentaine de maquettes sont prêtes à passer leur examen et à prendre la route. C’est là une exposition étonnante, où l’expression abstraite, très
récente chez notre jongleur de formes, associe là une rudesse plus
géométrique à la douceur infinie des matières précieuses, traitées toujours
avec la même tendresse. |
|
Pierre-Jean FOULON Conservateur au Musée royal de Mariemont Maître de conférance aux Facultés
universitaires Notre-Dame de Septembre 2000. Le sculpteur Michel DELAERE Henry Moore affirmait: "Dans une montagne, ce qui m'intéresse, ce
n'est pas la montagne elle-même, mais les cavernes qu'on peut y
trouver". Phrase qu'a certainement méditée Michel Delaere,
dont l'oeuvre et l'imaginaire furent - ce sont ses
dires - "marqués profondément" par le travail du grand sculpteur
anglais. Car Michel Delaere aime les cavernes, les
grottes, les anfractuosités. Tout jeune encore (il est né à Buvrinnes, près de Binche, en 1943, pendant Pourtant, Michel Delaere est bien aussi
sculpteur minimaliste. Contenu, mesuré, abstrait dans ses discours comme dans
son geste, constructiviste, méticuleux et précis, ordonné et efficace, Delaere se rapproche ainsi d'autres formes d'art,
d'autres chemins stylistiques, d'autres artistes aussi qu'il aime et qui,
également, l'ont ému: Jo Delahaut, qu'il a bien
connu, Marcel-Louis Baugniet, qu'il a beaucoup
fréquenté et dont il possède certaines fameuses oeuvres "aux coquilles
d'oeufs". Dans ses oeuvres
"construites", Michel Delaere aborde les
thèmes centraux de la force du simple et de la puissance de l'esprit.
Quelques lignes, peu de traits, des volumes élémentaires suffisent alors à
nouer au sein des matières une tension conceptuelle et une pureté salubre. On pourrait croire, au vu de ceci, que l'artiste Michel Delaere offre deux visages, deux manières, deux styles.
Il n'en est rien. Car, en cette oeuvre nuancée, violence et construction,
expressionnisme et minimalisme se mêlent la plupart du temps, au sein d'un
dialogue franc, contrasté, mais singulièrement unifiant. En témoignent
certains reliefs sobres - oeuvres comptant parmi les plus représentatives de
son travail , immenses plages que rien ne vient troubler dans leur sérénité
minimale si ce n'est, souvent au centre et comme une blessure des matières et
du regard, cette échancrure, cette "plaie" parfois légère, parfois
profonde, toujours troublante en sa vérité expressionniste. Et l'on ne peut
s'empêcher de penser, dès lors, que Michel Delaere
est bien en accord avec son époque post-moderne qui, rejetant tout dogmatisme
stylistique et toute unicité de pensée, trouve ses formes et ses discours en
une multiplicité de réseaux et, fondamentalement, en un fructueux mélange de
genres et d'idées. Dans l'oeuvre très abondante de Michel Delaere (il fête en 2000 ses trente années de création
artistique et ses vingt ans d'exposition), les matériaux eux aussi témoignent
d'une grande volonté de recherche et d'innovation. C'est pourtant le bois qui
apparaît comme sa matière de prédilection. Surtout le cèdre, celui du Canada,
dont la texture, expressive lui donne, dès les premières attaques de l'outil,
d'immenses possibilités de traitements et d'évocations. Les fibres du cèdre,
à l'infini répétées en stries parallèles, proposent au sculpteur mouvements,
directions, itinéraires. "Fendre une pièce de bois, dit Michel Delaere, ce n'est pas banal". C'est souvent ce
premier geste qui dicte à l'artiste les voies de sa création. Lorsqu'il est industriellement reconstitué selon des techniques très
contemporaines, le bois peut donner naissance à un matériau dense, ductile,
propre aux tailles vives mais aussi aux douceurs, aux courbes et, si l'on n'y
prend garde, à un jeu maniériste facile. Cette matière exigeante, Delaere va l'utiliser à foison, ponçant les surfaces,
galbant les formes, soulignant les mouvements. Pour parfaire l'épiderme et
lui conférer une nature forte et sereine, lisse et sensuelle, le sculpteur
n'hésite pas à faire usage de laques unifiant les espaces et synthétisant la
vision. Les reliefs et les volumes prennent alors des aspects d'objets
précieux, accrochant la lumière en jeux subtils et en multiples renvois
d'images: celle de l'oeuvre elle-même, mais aussi
celle des scintillements d'alentour. Sculpteur sur bois, Michel Delaere travaille néanmons aussi, avec un égal talent, la pierre, le métal
et même aujourd'hui le papier. La pierre intervient certes dans un nombre
réduit de ses oeuvres. Ces dernières ne sont pourtant pas moins
significatives d'un travail où le matériau est senti comme élément essentiel
des valeurs et des choix. Delaere aime d'ailleurs
montrer à ses invités des "pierres" qui l'ont prodigieusement
intéressé et déclenché chez lui des désirs créatifs. Ces "pierres",
des galets découverts sur la plage ou des roches puisées dans les carrières,
sont autant de "ready-made" naturels qu'un regard d'artiste a
élevés au rang de créations. Le choix a suffi pour transformer le grès ou le
calcaire - souvent porteur d'incrustations linéaires ou de failles naturelles
- en réalités chargées de sens. Le métal est aujourd'hui très présent dans l'oeuvre
monumentale de Michel Delaere. Amateur de reliefs
(bas ou hauts), l'artiste travaille plus la feuille d'acier que le volume
massif. Son travail sur le métal est ainsi itinéraire de découpes et non
modelage et fonte de masses. Chez Delaere, la tôle
est, ainsi qu'il le dit lui-même, une "peau" qu'il travaille en lui
donnant étalement au départ de sa surface lacérée. Découpant l'acier au
plasma, il le sectionne, le taraude et le plie pour quitter le plan et
l'épanouir dans les trois dimensions. Dès lors, soudant, incurvant, figeant
tout en réservant cependant une part de mobilité à certains éléments, il
donne à ses sculptures des espaces nouveaux où l'expressionnisme se résorbe
dans les lignes et la simplicité s'exaspère dans le traitement des espaces.
Et rien n'est plus convaincant aussi que cette volonté d'utiliser la plupart
du temps un acier corten brut dont l'épiderme roux
et marron se patine et se révèle au fil des temps et selon la nature des
lieux. Dans l'oeuvre sculptée de Michel Delaere, le métal existe cependant ailleurs que dans sa
sculpture monumentale. Créateur de bijoux, l'artiste modèle alors la cire qui
se "perdra" - on parle de "cire perdue" à propos de cette
technique - en s'évaporant à l'intérieur d'un moule et en laissant sa place à
l'argent et aux autres métaux précieux. Ces bijoux, Delaere
les façonne comme de petites sculptures, judicieusement équilibrées et
porteuses des mêmes messages visuels que ses oeuvres de grandes dimensions.
Au bord de larges zones éclatantes et polies, naissent des replis, des creux,
des sutures qui sont autant d'accidents imprévus que les cicatrices au sein
des grands reliefs. Dans ces bijoux, petites merveilles de finition et de
délicatesse, le soin et la précision de l'artiste éblouissent et signifient.
On est conquis par la netteté du geste et l'éclat rare des métaux. Plus étonnante encore est cette nouvelle matière désormais introduite
par Delaere dans son oeuvre: le papier. Blanc, et
donc très "minimal", le papier, dans ces compositions
constructivistes, s'accumule en feuilles que le sculpteur découpe, tord,
entaille, superpose en reliefs minces installés derrière la vitre d'un cadre
qui leur sert de lieu d'éploiement et d'univers
clos. Là, sous le verre, les papiers se chevauchent en rythmes d'ombres et de
lumières et balisent, de leurs franges sans cesse répétées, des espaces où vides
et pleins s'estompent en lignes acérées ou strates dynamiques. Précieux,
intelligents, subtils, ces reliefs en papier sont des oeuvres fortes hissant Delaere au rang de ces créateurs lucides conscients que
l'art se forme dans la rigueur du propos et la pertinence du geste. Récemment, Michel Delaere a présenté au
Château du Fosteau, près de Thuin, une exposition
de grande qualité où figuraient bon nombre d'oeuvres
majeures réalisées au cours de ses vingt-cinq années de travaux de sculpteur.
On y voyait aussi bien des reliefs muraux que des bijoux, des
"papiers" que des "bois", des installations que des
sculptures. Ce qui frappait surtout le visiteur, en ce lieu superbe composé
de jardins, de donjons et de salles d'armes, c'était l'incessante recherche d'un
artiste qui, au long d'un quart de siècle, fidèle à l'idée de découpe, de
taille et de surface plus qu'à celle de modelage et de masse, a été autant
expérimentateur de matières que créateur de formes. Mais, plus qu'une
rétrospective, cette manifestation était surtout une promesse: celle de voir
Michel Delaere désormais travailler le monumental
au-delà de toute dimension abordée jusqu'aujourd'hui dans son oeuvre.
Préoccupé par l'art public et l'intégration de la sculpture dans l'espace
urbain, Delaere pense maintenant aux cités froides
qui revendiquent l'art pour refuser l'inhumanité. Et l'on se plaît à penser
que certains beaux aciers choisis de Delaere
pourraient être une alternative de qualité à l'atterrante banalité de trop de
sculptures de parcs, de ronds-points ou de fontaines. Delaere,
en effet, est de ces artistes qui ont saisi les exigences de l'art et de la
création et y font face au-delà des modes, des déraisons ou des privilèges. |
|
Coralie Aliboni
Conservatrice adjointe au Musée des Beaux-Arts de Charleroi
Catalogue « Celsius 1535 » Musée des Beaux-Arts
de Charleroi, Novembre 2001.
« Poésie paradoxale » Au Musée des Beaux-Arts
Par de subtils jeux de découpes et de couleurs, les reliefs présentés au Musée génèrent une poésie paradoxale. Si les sculptures murales de Delaere, sobres géométries sans plus aucunes référence naturaliste, résultent de l’analyse objective et rigoureuse multiples et variées, elles n’en sont pas moins le fruit d’une incessante recherche autour de la notion de creusement et de profondeur secrète… Au-delà de la forme abstraite, percevoir une sensibilité traduite dans des titres évocateurs : Etouffant le pire, Repoussant l’inutile, Soupçonnant une ride… Contraste significatif du travail d’un plasticien qui aime la nuance, source intarissable mais néanmoins exigeante de sa créativité. Au gré des vents Pour « Celsius 1535-acier en
sculpture », Michel Delaere a choisi
d’investire un des ronds-points clés de la cité. Situé à la jonction de la
route de Mons, de la chaussée de Bruxelles et de l’avenue des Alliés, le
rond-point dit « du Viaduc » est surplombé par le ring de
Charleroi : « Si le pont barre l’entrée de la ville, il n’en est
pas moins une fenêtre qui s’ouvre progressivement sur elle avec pudeur…. » Une tôle d’acier (370 x 450 x 100), placée verticalement, est soumise à un effet de torsion et de lacérations. Ainsi tordue et ajourée en ses quatre cinquièmes et sur presque toute sa hauteur par cinq languettes découpées au laser, elle participe pleinement d’une toujours délicate jonction Centre Ville-Périphérie. Au sortir de Au contraire, au moment de pénétrer dans l’espace urbain, au cœur même du trafic intense et incessant, cette feuille de métal fragilisée par ses dimensions hors norme, se hisse comme une voile, surface ondulante devenue repère. Paroi transformée en volume, cette intégration de Delaere concentre en elle le paradoxe d’une démarche vouée à l’espace. Profondeurs enfouies, anfractuosités cachées, voies insoupçonnées, sont autant d’espaces que l’artiste relève au fil de ses creusements ou autres écartements. A la fois soumise au jeu des torsions et des lacérations, l’œuvre est
le fruit d’une recherche sur l’équilibre et en l’occurrence la stabilité qui
en découle, ainsi que sur la profondeur, espace infini qui se développe à
l’arrière de la feuille de métal. |
|
Wim TOEBOSCH -ARTS ANTIQUES AUCTIONS-
AVRIL
2003. CAP D’ART Gallery Les œuvres du sculpteur Michel
DELAERE témoignent d’un talent mûri, d’une sûreté d’inspiration et
d’exécution qui allie la simplicité sensuelle des formes taillées dans le
bois à une perception musicale et raffinée des failles, des gonflements, des
étirements voluptueux de la croûte terrestre ou de l’essence d’un bois
précieux. L’émotion, dans ses œuvres, à l’air de se glisser entre lumière et
ombres, comme un lézard, et à ne se laisser capter qu’avec l’assurance d’une
affinité partagée avec le spectateur. Lac de Genval jusqu’au 13 avril. |
|
Pierre
Dejardin -Vers
l’avenir- décembre 2002 "Au
gré des vents" nominée Lors de la désignation des lauréats de
la biennale du concours de l’acier 2002 organisé par le Centre Information
Acier, le sculpteur thudinien Michel Delaere à été mis à l’honneur. Sur 147 réalisations participant au
concours, 20 ont été nominés et 4 primés dans 4 catégories. Dans la catégorie
"Génie civil et ouvrages d’art",
5 réalisation on été nominées dont la sculpture de Michel Delaere de Fontaine-Valmont. L’œuvre de Michel Delaere marque le
rond-point de l’entrée Ouest de Charleroi. Une lame d’acier Pour l’artiste : "le
choix de l’acier s’imposait non seulement par ses qualités de résistance
élevée dans de faibles épaisseurs, mais aussi pour son caractère nerveux et
rebelle ainsi que par la tension qui peut s’en dégager. De plus, la passé et
le présent de cette ville sont imbibés par la production de cette
matière"…"En écartant l’application de la couleur, j’ai voulu
présenter cette matière dans sa nudité, mais aussi sa vulnérabilité face au
temps, bien que cet acier spécial se protége par une oxydation chaleureuse. Cette paroi en "voile
d’acier" s’inscrit dans un carré de 350 x Michel Delaere
de Buvrinnes à Los Angeles Né à Buvrinnes
en 1943, il vit et travaille à Fonatine-Valmont
qu’il habitera à l’age de 9 mois. Il
expose en permanence à Los Angeles mais aussi au château du Fosteau à Thuin. Sculpteur travaille le bois, mais aussi
la pierre, les métaux, le papier blanc, crée des bijoux. De son œuvre en métal, Pierre-Jean
foulon écrit : "L’artiste travaille plus la feuille d’acier que le
volume massif. Chez Delaere, la tôle est ainsi
qu’il le dit lui-même, une peau qu’il travaille en lui donnant étalement au
départ de sa surface lacérée. Il le découpe au plasma, il le sectionne, le
taraude et le plie pour quitter le plan et l’épanouir dans les trois
dimensions. Il réserve une part de mobilité à certains éléments. Et rien
n’est plus convaincant que cette volonté d’utiliser la plupart du temps un
acier brut dont l’épiderme se patine de roux et marron qui se révèle au fil
des temps et selon la nature des lieux". Mise à l’honneur à Bruxelles, des aménagements
du rond-point du viaduc à Charleroi devraient mettre cette œuvre dans un
environnement digne qu’elle mérite. |
|
Didier ALBIN
- LE SOIR –
janvier 2003 Charleroi :
"Au gré des vents" : Au confluant de la route Mons et de la chaussée de Bruxelles sou le
ring du viaduc de Charleroi, elle se dessine. comme une harpe dont seul
jouerai le vent, la sculpture de Michel Delaere
associe à l’apparente vulnérabilité d’une feuille d’acier la résistance d’un
matériau livré à la patine du temps. Travaillée penchée, les lames verticales
progressivement inclinées donnent un relief et un mouvement à l’œuvre. Le
travail de l’artiste de Fontaine-Valmont a séduit je jury du centre
belgo-luxembourgeois d’information de l’acier. C’est ainsi qu’avec dix-neuf
autres projets, il a été nominé au concours acier (dans la catégorie génie civil et ouvrages
d’art) pour lequel près de 150
dossiers avaient rentrés. La sculpture "Au gré des vents" est la
seule œuvre primée du Hainaut. A côté
des métaux que Delaere aime employer en tôles pour
incurver, sectionner et tarauder ses grands formats, de préserver leur
mobilité, les faire vivre dans le mouvement, l’artiste modèle aussi le bois.
Le cèdre nord-américain surtout. Il l’apprécie pour sa texture, sa couleur,
sa densité et sa douceur. Il s’est enfin essayé à d’autres matières comme la
pierre et le papier, l’argent pour les bijoux.
Bruxelles 2003 ◄vers 1980-1990
1991-2000
et +
|
|